Des centaines de personnes étaient sans-abri, lundi dernier en Birmanie, après l'incendie volontaire de leur maison par un millier d'émeutiers anti-musulmans, dernier exemple des violences intercommunautaires dans ce pays d'Asie du Sud-Est à large majorité bouddhiste. «Ils vivaient en paix depuis tant d'années. C'est la première fois qu'ils voient ces violences dans la région de Sagaing (centre), jusqu'ici épargnée», a déclaré Myint Naing, député local du parti d'opposition d'Aung San Suu Kyi, la Ligue nationale pour la démocratie (LND). Une école a été mise à la disposition des réfugiés, entre autres camps, et la situation était revenue à la «normale» hier, selon le quotidien officiel New light of Myanmar, précisant que 12 personnes avaient été interpellées. Les troubles se sont produits le week-end dernier dans les environs du village de Kanbalu. Les émeutes ont éclaté, samedi soir, après l'arrestation d'un musulman soupçonné de tentative de viol d'une bouddhiste à Kanbalu. Quand la police a refusé de remettre l'homme à la foule, parmi laquelle se trouvaient des moines bouddhistes, elle s'en est prise aux maisons et commerces appartenant à des musulmans. Il s'agit du premier incident anti-musulman signalé dans la région de Sagaing. En mars, des dizaines de personnes ont été tuées dans la région voisine de Meiktila dans des violences anti-musulmanes. La Birmanie a connu plusieurs épisodes de violences intercommunautaires, principalement dirigées contre les musulmans dans ce pays majoritairement bouddhiste, ce qui a jeté une ombre au tableau des réformes du gouvernement qui a succédé à la junte dissoute en 2011. Le moine bouddhiste radical Wirathu, accusé d'alimenter la violence par ses discours islamophobes et nationalistes, a posté un commentaire sur cet incident sur sa page facebook. Utilisant le mot «kalar», terme péjoratif désignant les musulmans, il a accusé les membres de cette communauté d'être des fauteurs de troubles, ajoutant à la rhétorique antimusulmane en vogue en Birmanie. En 2012, des violences inter-ethniques avaient fait plus de 200 morts et 140 000 déplacés dans l'Etat de Rakhine, en majorité des Rohingyas, considérés par le gouvernement comme des immigrants illégaux du Bangladesh. Ces événements ont mis en lumière une islamophobie latente dans un pays majoritairement bouddhiste, qui compte environ 4% de musulmans.