Barack Obama a salué les réformes politiques et économiques entreprises en Birmanie par son homologue Thein Sein, qui effectuait une visite historique à la Maison-Blanche. Le président américain a néanmoins réclamé la fin des violences antimusulmanes dans ce pays. M. Obama, six mois après s'être rendu à Rangoun, a noté que les relations entre les deux pays s'étaient améliorées grâce "aux actions décisives du président Sein pour faire progresser la Birmanie sur le chemin des réformes politiques aussi bien qu'économiques". Thein Sein a assuré qu'il voulait poursuivre les réformes démocratiques dans son pays, qui a quitté en l'espace de quelques années son statut de paria alors que la junte militaire semblait desserrer son étreinte sur le pouvoir.
Myanmar plutôt que Burma En anglais, M. Obama a prononcé à plusieurs reprises le mot "Myanmar" plutôt que "Burma", recourant donc au nom privilégié par l'armée du pays et qui est de plus en plus souvent utilisé par des responsables américains en signe de courtoisie vis-à-vis du gouvernement. Il a aussi expliqué que Thein Sein avait effectué de "vrais efforts" pour trouver une solution aux violences ethniques qui affectent le pays, mais a surtout fait mention de la minorité musulmane des Rohingyas. Le président américain a ainsi fait part de sa "profonde inquiétude au sujet des violences communautaires qui ont visé des groupes musulmans en Birmanie". "Le déplacement de populations, la violence les ciblant doivent cesser", a-t-il insisté.
Echo aux demandes américaines Thein Sein, dont les propos étaient traduits en anglais par un interprète, a de son côté reconnu que son pays devait faire face à de "nombreuses difficultés", et a exprimé sa reconnaissance à M. Obama, pour son investissement dans le dossier birman, qui a selon lui favorisé le processus des réformes en cours. Thein Sein a semblé faire écho aux demandes de M. Obama, quelques minutes plus tard, lors d'un discours dans une université de Washington. Il a souhaité que les violences communautaires et les discriminations cessent dans son pays et en prônant une "cohésion nationale plus large" sans toutefois faire d'allusion directe aux Rohingyas, une minorité musulmane apatride.
2 à 28 ans de prison pour sept musulmans Sept musulmans ont été condamnés à des peines de deux à vingt-huit ans de prison pour leur rôle dans des émeutes religieuses meurtrières en mars à Meiktila, dans le centre de la Birmanie. Aucun bouddhiste n'a en revanche encore été condamné dans le cadre de ces heurts. Fin mars, une dispute avait éclaté dans un marché entre un vendeur musulman et des clients bouddhistes. Peu après, un moine bouddhiste avait été tué, lançant trois jours d'émeutes. Selon les chiffres officiels, 44 personnes ont été tuées, 27 mosquées et 14 écoles islamiques détruites, avant que l'armée ne reprenne le contrôle de la situation en vertu de l'état d'urgence.
Passibles de la peine de mort Les sept accusés, dont un mineur, étaient passibles de la peine de mort pour le meurtre du moine. Ils ont été condamnés notamment pour meurtre, incitation au meurtre et incendie, a indiqué Ye Aung Myint, avocat général de la région de Mandalay. Au total, dix personnes sur 87 arrêtées ont jusqu'ici été condamnées pour les violences de Meiktila, a-t-il précisé. Trois Birmans musulmans (le propriétaire du magasin où avait eu lieu la dispute initiale, son épouse et un employé) avaient déjà été condamnés en avril à 14 ans de prison. Mais si 38 bouddhistes sont poursuivis, aucun n'a été condamné pour ces violences qui visaient principalement des musulmans.
Un rapport décrit un "massacre" Un rapport de l'organisation Physicians for human rights publié la veille décrit notamment le "massacre" de vingt élèves et quatre enseignants d'une école islamique de Meiktila par une foule de bouddhistes. Selon les témoins, un élève a été décapité, un autre brûlé vif. Des mosquées de plusieurs villes au nord de Rangoun avaient été détruites après les émeutes de Meiktila, pendant que des moines extrémistes distillaient des discours nationalistes. Fin avril, une nouvelle flambée de violences antimusulmanes avait fait un mort dans la même région. Dans une Birmanie en plein bouleversement depuis la dissolution de la junte en mars 2011, ces événements ont remis en lumière un fond islamophobe latent dans un pays majoritairement bouddhiste où vivent officiellement 4% de musulmans.