Les services secrets algériens, américains et anglais examinent la situation sécuritaire en Tunisie. Une réunion secrète a été tenue, le 17 septembre dernier au siège du Département du renseignement et de la sécurité (DRS) à Beni Messous, regroupant des officiers des services secrets de renseignements des trois pays. L'objectif, explique une source sûre, est la lutte contre le terrorisme dans la région et la dégradation de la situation sécuritaire en Tunisie qui a pris des proportions alarmantes depuis l'accession des islamistes au pouvoir. Cette rencontre a été une occasion pour les participants d'échanger des informations sécuritaires sur la région, notamment le trafic d'armes depuis la Libye vers la Tunisie qui inquiète sérieusement l'Algérie et ses partenaires américains et anglais. D'autant plus que les Américains se souviennent toujours de l'attentat de Benghazi, en Libye, dans lequel ils avaient perdu cinq diplomates, dont leur ambassadeur. Les Britanniques sont également concernés par le terrorisme qui a visé leur firme pétrolière, British Petroleum (BP), dans l'attaque de Tiguentourine. La lutte contre le terrorisme islamiste dans la région, le trafic d'armes qui se multiplie après le chaos en Libye et la zone tampon créée par les autorités tunisiennes dans le sud pour le contrecarrer sont autant de questions sur lesquelles les trois services de renseignements tentent de collaborer pour les résoudre à travers cette réunion, frappée du sceau de la confidentialité. Le 1er août dernier, les unités de l'Armée nationale populaire (ANP), en poste aux frontières, avaient réussi à saisir une cargaison d'armes et de munitions. Selon le MDN, «lors d'une opération qualitative, un détachement de l'ANP au niveau de la 4e Région militaire, précisément dans la zone Massa Klim-In Azen à Djanet, a saisi deux véhicules 4x4 à bord desquels se trouvait une quantité d'armes et de munitions : une mitrailleuse lourde 12,7 mm, un fusil-mitrailleur FM, un fusil à répétition ainsi qu'une importante quantité de munitions de différents calibres et un grand nombre de roquettes RPG7». Cette rencontre intervenait une semaine après que le président Bouteflika eut reçu, les 10 et 12 septembre, Rached Ghannouchi et Béji Caïd Essebsi, respectivement chef du mouvement islamiste Ennahdha et chef de file de l'opposition en Tunisie. Même le président tunisien, Moncef Marzouki, serait attendu prochainement à Alger dans le même cadre. Dans une déclaration au site électronique Algériepatriotique, une source autorisée du ministère des Affaires étrangères algérien explique le déplacement successif des dirigeants tunisiens chez Bouteflika : «De par ses relations de fraternité avec le peuple tunisien et de par son attachement profond à la sécurité et à la stabilité d'un pays frère et voisin, l'Algérie est naturellement à l'écoute et est prédisposée à apporter tout son soutien lorsqu'elle est sollicitée par les représentants des forces vives d'un pays frère.»