Les statistiques livrées par la communauté médicale sur la propagation du diabète sont effarantes. 180 millions de personnes sont atteintes de cette maladie à travers le monde. Les prévisions de l'OMS sont encore plus inquiétantes ; le nombre de malades atteindrait les 300 millions en 2025. En Algérie, le nombre exact n'est pas connu mais les diabétiques se comptent par dizaines de milliers, affirment les médecins. Même à un niveau régional plus restreint, comme Tizi Ouzou, les chiffres ne sont pas maîtrisés. Lors d'une journée d'étude sur le diabète organisée par l'association des diabétiques de la wilaya de Tizi Ouzou tenue au CHU de la ville, les praticiens ont avancé le chiffre d'une dizaine de milliers. « Le plus grave c'est que le diabète est le carrefour de graves maladies, comme l'insuffisance rénale, la cécité, la tension artérielle, le pied diabétique et également des maladies cardio-vasculaires », affirme un médecin diabétologue. Les facteurs de risques sont multiples : le stress, le régime alimentaire et aussi les chocs émotionnels. Les effets sont dangereux pour les sujets n'ayant pas dépisté la maladie à un stade précoce afin d'éviter d'éventuelles complications. Aujourd'hui, des diabétiques sont nombreux à traîner des complications infectieuses, nerveuses et vasculaires, des pathologies lourdes qui réduisent l'espérance de vie. Le témoignage de certains malades est poignant. A la Caisse de sécurité sociale de Tizi Ouzou, Sadia est venue pour subir le contrôle médical. Elle se déplace sur un fauteuil roulant et elle a perdu la vue depuis longtemps : « Ma mère est diabétique depuis des années. Elle a eu un accident vasculaire qui l'a paralysée. Elle a perdu la vue, car elle n'a pas suivi son traitement de manière correcte. Elle mangeait tout ce qui lui était interdit. Son entêtement l'a conduit à cet état. Maintenant, elle fait des tentatives de suicide », déclare l'accompagnateur de la malade. L'équilibre de sa famille est également menacé. Le père s'apprête à se remarier, avoue le jeune homme. Le cas de la vieille femme n'est pas unique. Les diabétiques, par négligence, se retrouvent contraints à suivre des examens médicaux chez les cardiologues, les ophtalmologues et d'autres des séances de dialyse, le filtre rénal étant sérieusement atteint. Au service néphrologie du CHU de Tizi Ouzou, la quarantaine de lits est occupée en permanence. Les malades subissent les séances d'hémodialyse. Brahim, d'un certain âge, venait de quitter son lit. Il ne tient plus debout. Son fils explique : « Avant, il n'avait pas cette maladie. Maintenant, il vient trois fois par semaine pour des séances de dialyse qui durent trois heures. C'est très pénible ». Ils sont nombreux les diabétiques qui n'ont pas pris au sérieux leur maladie. « La sensibilisation est primordiale. Normalement, au-delà de 40 ans, le dépistage est automatique », avertit un médecin. Mais du côté des malades et de leur association, la réalité est difficile. Le président de l'association déclare : « D'abord, l'Etat doit mettre les moyens pour organiser une véritable campagne de dépistage. Déjà, pour le malade diabétique, il lui est difficile de relever sa propre glycémie car le matériel d'autocontrôle comme le lecteur ou les réactifs sont chers et inaccessibles pour les malades non assurés », déplore le responsable de l'association. Les avancées thérapeutiques sont remarquables, mais seule la prévention pourrait éviter des complications incommensurables.