Les touristes faisaient part, mardi, de leur frustration de ne pas pouvoir visiter la Statue de la liberté à New York, victime la plus symbolique de la fermeture partielle de l'administration fédérale américaine. L'île de Liberty Island, sur laquelle est érigée la Statue — qui fait partie des parcs nationaux — devait rester fermée toute la journée. Des dizaines d'employés des bateaux de croisière avaient été mobilisés pour gérer, avec une infinie patience et dans toutes les langues la frustration teintée de perplexité des touristes. «Pas de Statue aujourd'hui, personne ne va sur l'île. Le gouvernement est ferme. Mais vous pouvez faire une croisière de remplacement d'une heure dans la baie et vous verrez (de loin) la Statue de la liberté, le pont de Brooklyn, Ground Zero...», le site des attentats du 11 Septembre, explique Brian Fahey, l'un des employés de «Statue Cruises» présent sur l'embarcadère de Battery park, dans le sud de Manhattan. Tout autour, de grands panneaux répètent la même information. «Le gouvernement a temporairement fermé à la fois la Statue de la liberté et Ellis Island. Vous pouvez participer à notre croisière d'une heure» dans la baie de New York. «Je suis arrivé hier de Seattle (nord-ouest des Etats-Unis), j'ai acheté mon ticket hier sur internet, ils auraient pu prévenir, suspendre les ventes», maugrée Shriram Parameshwaran, un ingénieur de 26 ans d'origine indienne, qui avoue «n'avoir aucune idée» sur les raisons politiques de cette fermeture. Il veut être remboursé et n'est pas intéressé par la croisière. Stefan Neuhaus, un retraité venu avec sa femme de Berlin, est frustré mais philosophe, le nez dans son guide touristique à la recherche d'un nouveau plan pour cette magnifique journée d'automne. «J'étais très content, j'avais réservé pour visiter la couronne (de la statue). Ma réservation est perdue, il n'y a pas de places avant novembre et nous serons repartis.» «Je suis en colère», dit-il. «Mais, c'est plus un problème pour les fonctionnaires fédéraux qui n'ont plus de travail que pour nous», ajoute-t-il. Cela montre aussi que le système politique américain est «très mauvais. L'opposition a un pouvoir tellement fort». Michael Mueller est retraité, venu d'Arizona avec sa femme Bea. Ils préparaient leur voyage depuis six mois et elle a les larmes aux yeux. «La Statue de la liberté, c'est le symbole de l'Amérique, elle symbolise la liberté, la possibilité d'avoir du travail, un gouvernement en lequel on peut avoir confiance». C'était, dit-elle, la dernière chose qu'il fallait fermer. Son mari se dit «complètement déçu par un pouvoir exécutif qui ne peut pas s'entendre avec le Congrès. Ils n'arrivent à rien», dit-il. «Il serait temps qu'ils fassent leur travail.» Au fil des heures, le flot des touristes grossit, l'incompréhension aussi. 8000 visiteurs par jour Les employés expliquent, encore et encore, en anglais, en espagnol, en italien parfois. «J'ai tout lu sur la Statue, j'ai toujours voulu la visiter, je suis venu de Seattle et elle est fermée», s'indigne Michael Hines, 47 ans, en blâmant les républicains. Une employée qui refuse de donner son nom souligne qu'elle est bien contente d'avoir du travail. «Tous ceux qui travaillent sur l'île, dans les boutiques, ont tous été suspendus», explique-t-elle. En cette saison, explique Brian Fahey, quelque 8000 personnes visitent en moyenne chaque jour la Statue de la liberté, l'un des monuments les plus fréquentés des Etats-Unis. Personne ne sait quand Lady Liberty, déjà fermée huit mois après l'ouragan Sandy fin octobre 2012, sera de nouveau accessible. «Tant pis, c'est pas de chance», commente un couple de Français d'Aurillac. «Mais heureusement, il y a plein d'autres choses à faire.»