1.L'Algérie s'étend sur 2 380 000 km2 dont 2 100 000 km2 d'espace saharien. La densité paraît faible, mais les 9/10es de la population sont concentrés sur les terres du Nord. Sa situation géographique est stratégique : en face de l'Europe, côtoyant la Tunisie, l'Atlantique Maroc/Mauritanie, la Libye, le Mali et le Niger comme point d'appui de l'Afrique subsaharienne. Or, l'objectif stratégique à l'horizon 2014-2020 est d'éviter que plus de 95% de la population vivent sur moins de 10% du territoire et avoir une autre vision de l'aménagement de l'espace. Nous assistons, hélas, à des constructions anarchiques avec le manque d'homogénéisation dans le mode architectural, un taux accéléré d'urbanisation avec des bidonvilles autour des grandes villes, avec le risque d'extension de nouvelles formes de violence à travers le banditisme et de maux sociaux, comme la drogue. Le développement futur de l'Algérie devra donc reposer sur l'initiative locale pour protéger, à la fois, l'environnement et initier des activités productives, notamment non polluantes, car toute action centralisatrice est vouée à l'échec sans implication des acteurs locaux. Il s'agira de revoir la fiscalité locale avec un système de péréquation entre les régions riches et les régions pauvres, objectif : «Promouvoir une gestion budgétaire performante des collectivités territoriales et établir et rendre publics des coûts standards moyens, par type de collectivité locale et par fonction, pour mettre en évidence les gaspillages. Dans le cadre de ces réformes locales, l'on devrait privilégier l'autonomie budgétaire plutôt que l'autonomie fiscale pour inciter les électeurs à mieux contrôler les dépenses des collectivités locales.» Cellule de base, la commune algérienne devra assurer sa mutation profonde, pour devenir un espace de convivialité qui intègre, dans sa démarche, l'action citoyenne du mouvement associatif. Je préconise, à l'instar de l'étude du Femise, «decréer un institut national d'études du territoire littoral».Cela doit entrer dans le cadre d'une réelle volonté politique de décentralisation, à ne pas confondre avec la déconcentration, qui induit une bureaucratie locale plus néfaste que la bureaucratie centrale. L'on pourrait imaginer une véritable régionalisation économique, à ne pas confondre avec l'avatar négatif du régionalisme. Il s'agira de passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités locales entreprises et citoyennes. Une réorganisation du pouvoir local, dont la base est la commune, pour une société plus participative et citoyenne, s'impose, réorganisation de la fonction de la revalorisation de la ressource humaine renvoyant à l'urgence de la révision du statut de la Fonction publique. «Après la ‘‘commune providence'' du Tout-Etat, l'heure est au partenariat entre les différents acteurs de la vie économique et sociale, à la solidarité, à la recherche de toute forme de synergie et à l'ingénierie territoriale. C'est dans ce contexte que la commune doit apparaître comme un élément fédérateur de toutes les initiatives qui participent à l'amélioration du cadre de vie du citoyen, à la valorisation et au marketing d'un espace.» C'est à la commune que reviendra ainsi la charge de promouvoir son espace pour l'accueil des entreprises et de l'investissement. La commune devra par ailleurs et naturellement se constituer en centre d'apprentissage de la démocratie de proximité qui la tiendra comptable de l'accomplissement de ses missions. La commune doit se préparer à une mutation radicale devant faire passer du stade de collectivités locales providences à celui de collectivités entreprises responsables de l'aménagement du développement et du marketing de son territoire. «C'est pourquoi la fonction de wali, dont le rôle essentiel est celui d'animation et de coordination des communes, ne doit plus répondre aux critères actuels où l'administratif prime, mais à des hommes managers d'un niveau intellectuel élevé et d'une haute moralité, si l'on veut éviter une bureaucratisation locale plus néfaste que la centrale.» Pour répondre à cet enjeu majeur, on doit miser sur la valorisation du territoire et l'organisation du développement autour d'espaces équilibrés et tenant compte de l'urgence d'une urbanisation maîtrisée, anarchique avec des coûts faramineux des constructions mal faites, encourageant le banditisme, les bandes organisées, la prostitution, la drogue, et sans tenir compte de la protection de l'environnement (primat du béton) et du cadre de vie qui se dégradent de jour en jour.
2.Dans le cadre d'un aménagement du territoire réfléchi, je préconise la création de technopoles, par grandes régions. Les expériences nous enseignent que les technopoles sont de véritables moteurs de croissance pour les pays. Les retombées économiques et les externalités positives d'ordre social peuvent être significatives à l'échelle régionale et nationale. Les technopoles permettent de créer des emplois en local, à travers l'implantation d'entreprises internationales et la création de nouvelles entreprises, et contribuent à la croissance économique des pays. Mais la réussite implique quatre conditions. Premièrement, il s'agira d'impliquer les acteurs-clés Pour créer les conditions qui permettront à la fois d'attirer les investissements, de créer de l'emploi et de stimuler les innovations, la technopole doit être soutenue à la fois par les acteurs publics, notamment dans le domaine des incitations fiscales, des subventions temporaires, du foncier avec toutes les utilités et commodités (Etat, banques publiques, universités…) et privés (entreprises, banques privées, Chambre de commerce, syndicats patronaux). Dans ce cadre, l'on peut dynamiser l'entrepreneuriat féminin actuellement marginalisé.Deuxièmement, l'efficacité doit reposer surun modèle opérationnel performant et une gouvernance efficace. En matière de gouvernance, la pérennité de la technopole repose sur une autonomie de gestion et une autonomie financière qui lui permettent de dynamiser la recherche de clients entreprises et pour des partenariats avec des entreprises externes. Pour contribuer durablement à la création d'emploi dans le pays, la technopole doit s'inscrire dans le cadre d'une politique d'innovation nationale définissant les secteurs prioritaires (industrie, énergie, agroalimentaire, services, etc.) en matière d'innovation, sur le long terme. Troisièmement, adapter le modèle de financement. Le modèle de financement et d'exploitation de la technopole doit être construit en y associant plusieurs partenaires dans le cadre d'un partenariat public-privé. Un cadre réglementaire incitatif doit être mis en place en matière d'investissements pour faciliter le financement des jeunes entreprises innovantes et en matière de fiscalité. Quatrièmement, les technopoles doivent s'insérer dans le cadre de la concurrence internationale. Il s'agit de faire le marketing de l'offre en matière de prestations proposées aux entreprises (centres de conférences, bibliothèque, salles de réunion, helpdesk…) et de rendre visible à l'international par une véritable campagne de séduction envers les entreprises nationales et multinationales qui peuvent choisir leur lieu d'implantation selon les avantages logistiques et administratifs offerts par les différents pays d'une même région. En résumé, le centralisme bureaucratique est largement dépassé, les présidents d'APC n'ayant aucun pouvoir de décision, tout étant concentré au niveau central et des walis. La léthargie de certaines wilayas est due au manque de visibilité et de cohérence dans la réforme globale, faute de management et de planification stratégique, assistant à des distributions d'enveloppes financières sans objectifs précis. Les projets pour les jeunes, à travers différentes institutions, seront-ils rentables à terme ? Le problème est posé, car sans efficacité économique, c'est reporter les vrais problèmes dans le temps. L'objectif stratégique est d'impliquer la société afin de réaliser la transition d'une économie de rente à une économie hors hydrocarbures dans le cadre des avantages comparatifs mondiaux avec des entreprises performantes en termes de coût et de normes de qualité. Après 50 années d'indépendance politique, l'Algérie n'a pas d'économie : 98% d'exportation d'hydrocarbures à l'état brut et semi-brut et important 70% des besoins des ménages et des entreprises publiques et privées dont le taux d'intégration ne dépasse pas 15%.
Note : (1)- PrAbderrahmane Mebtoul.Docteur d'Etat en sciences de gestion, expertise comptable, Lille France (1974), actuellement professeur des universités (Oran, Algérie), expert international en management stratégique, officier d'administration à la Route de l'unité africaine 1971-1972, chargé de mission au secrétariat d'Etat au Plan (1973), premier conseiller et directeur central des études économiques à la Cour des comptes de 1980 à 1983, directeur d'études au ministère de l'Energie-Sonatrach (Algérie) entre 1974-1979-1990, 1995-2000-2006, président du Conseil des privatisations de 1996-1999 avec rang de ministre délégué, directeur d'études au cabinet de la DGSN de 1997 à 1998, expert au Conseil économique et social de 1996- 2008, expert à la présidence de la République de 2007 à 2008. Ayant eu à diriger plusieurs audits pour le compte des différents gouvernements successifs depuis 1974 à ce jour, membre de plusieurs organisations internationales et auteur de 20 ouvrages et d'environ 500 contributions locales et internationales.