Ils s'en plaignent assidûment depuis des années. Pratiques esclavagistes, précarité, retard dans le versement des salaires (jugés dérisoires), restrictions des libertés syndicales, difficulté à se projeter ou à envisager un plan de carrière, les contrats du pré-emploi sont de plus en plus contestés. Le Comité national des travailleurs du pré-emploi et du filet social multiplient les actions de contestations depuis des mois pour le répéter. Les autorités rassurent et promettent enfin des régularisations. «Des modifications ont été apportées à la formule du pré-emploi en vue de titulariser les bénéficiaires de ces contrats», déclarait Mohamed Benmeradi, ministre du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, jeudi en marge d'une séance plénière au Conseil de la nation consacrée aux questions orales. Cité par l'APS, le ministre n'a pas manqué de saluer «les dispositions mises en place par le gouvernement pour intégrer les titulaires de diplômes universitaires dans le monde du travail, soulignant que l'administration publique et les entreprises économiques ont recruté 130 000 personnes depuis le lancement du dispositif de contrats pré-emploi», affirmant que le nombre de travailleurs contractuels qui ont bénéficié jusque-là d'emplois «dépasse les 250 000 jeunes». Ils seraient près d'un million à bénéficier de ces contrats, selon les déclarations de Mohamed Benmeradi. Pour lui, ces contrats permettent «aux diplômés des universités et des instituts de formation d'acquérir l'expérience et du savoir-faire professionnels pour faciliter leur intégration dans le monde du travail». Là, où les autorités voient des actions à saluer, les bénéficiaires contestent un cadre qui les asservit et les conforte dans la précarité. Ils sont pourtant titulaires de diplômes universitaires ou fraîchement sortis des centres de formation professionnelle mais perçoivent des salaires, pour la plupart, qui n'atteignent même pas le SNMG (18 000 DA). Selon le ministère du Travail, de l'Emploi et de la Sécurité sociale, initiateur des dispositifs de pré-emploi à travers l'Agence nationale de l'emploi (ANEM) et la direction de l'emploi des wilayas, les bénéficiaires perçoivent une rémunération mensuelle fixée, pour les diplômés de l'enseignement supérieur, à 15 000 DA net, pour les techniciens supérieurs à 10 000 DA net et pour les bénéficiaires de contrats d'insertion professionnelle à 8000 DA. Mais en cette période de grandes promesses et de sorties médiatiques rassurantes à outrance, le ministre assure encore, «l'engagement du gouvernement à accompagner et aider ces jeunes, notamment les universitaires, à acquérir une expérience et un savoir-faire». Effet d'annonce ou réelle volonté ? Il reste à savoir comment et quand ces milliers de jeunes pourront être titularisés.