La réponse du ministre est pour moi une seconde offense », atteste Mme Djamila Loukil (Farah Boumediene), en parlant de la mise au point faite par Amar Tou et parue dans le journal Liberté au sujet de l'incident dont il s'était rendu responsable jeudi, en marge de sa visite à Oran. « C'est comme si, explique-t-elle, il me prend pour une menteuse ainsi que les gens qui ont assisté à la scène. En plus, hormis sa façon avouée de parler avec les mains, il a omis de mentionner les propos tenus à mon égard (mal élevée, âgouna, etc.) que je considère insultants. » Aussi, pour elle, contrairement à ce qui a été rapporté dans la mise au point, ce sont bien les membres du protocole qui sont venus la voir pour l'inviter à se rapprocher du ministre après l'incident et maintient que celui-ci n'a pas présenté d'excuses, se contentant de dire, rapporte-t-elle : « C'est ma façon de parler. » Contactée hier, la journaliste, encore sous le choc, dit vouloir prendre quelques jours de congé, une manière pour elle de prendre du recul à cause également de la pression dont elle fait l'objet. Elle n'écarte cependant pas la possibilité de recourir à la justice. « Je le ferai probablement à mon nom personnel et ce sera un dépôt de plainte symbolique pour ma dignité et celle de la profession que j'exerce. » Elle le fera aussi, dit-elle, en sa « qualité de femme citoyenne », car elle pense que si elle n'était pas une femme, M. Tou n'aurait pas été aussi loin. Mais le ministre est un représentant de l'autorité de l'Etat et c'est à ce titre que tout écart de langage, aussi minime soit-il, prend une ampleur particulière. Il y a quelques années, le président de la République a, lors d'une visite effectuée à Oran, malmené un enseignant universitaire qui se trouvait dans un rassemblement de protestation. L'enseignant en question a dit plus tard avoir vécu un véritable traumatisme. Pourtant Abdelaziz Bouteflika a, dans l'après- midi de la même journée, présenté des excuses publiques à l'ensemble de la corporation lors du regroupement qui eut lieu ce jour-là. La journaliste de Liberté n'a pas eu droit à des excuses formulées clairement. Cela aurait peut-être suffi à calmer quelque peu les choses.