Le ministre de la Santé, Amar Tou, s'est livré avant-hier à une véritable agression verbale et physique à l'encontre de la journaliste de Liberté et ce, devant des dizaines de témoins journalistes et de responsables locaux, lors de la rencontre sur le dépistage du diabète à Oran. Le ministre, dans l'exercice de ses fonctions, s'en est violemment pris à une journaliste, alors que d'autres confrères l'avaient interrogé sur le problème des médicaments périmés à Oran et de la pénurie de médicaments pour les personnes séropositives. Visiblement irrité par la question, Amar Tou dira d'abord que la commission d'enquête n'avait pas fini son travail, et devant l'insistance des journalistes, il n'aura comme autre réponse à cette question que l'invective et l'agressivité, apostrophant la journaliste en ces mots : “à qui vous rendez des comptes vous ?” C'est une autre consœur qui réagira en disant : “Nous rendons des comptes aux malades !” Sur ce, la journaliste de Liberté reposa sa question par rapport aux 150 malades atteints du virus du sida et qui ont vu leur traitement interrompu depuis des mois. D'un geste chargé de mépris et de dédain, Amar Tou lâchera : “Ça y est, hadouk atel'nalhoum !” Ce que fera remarquer la journaliste : “Ces 150 malades sont des êtres humains, des citoyens !” C'est à cet instant que le ministre de la Santé s'emportant et perdant tout son contrôle se met à asséner plusieurs coups violents avec sa main sur la journaliste de Liberté. Heureusement que celle-ci a été protégée par son cartable qu'elle tenait contre elle au niveau de la poitrine, là où lui furent portés les coups. Amar Tou, lui, en même temps vociférait : “Ça y est, hadouk, enti ch'ah, quoi ? Qu'est-ce que tu veux ? Tu te prends pour la conscience du peuple ?!” Avec calme, sans esquisser le moindre mouvement de recul et faisant toujours face au ministre, la journaliste lui dit : “Cessez de m'agresser, vous n'avez pas à me frapper, ne me touchez pas !” À cet instant, il a fallu l'intervention de personnes de l'entourage du ministre et autres témoins qui se sont interposés, obligeant ce dernier à reculer et à descendre les escaliers pour l'éloigner ainsi de la journaliste. Mais Amar Tou n'en resta pas là et continua à proférer alors des insultes à l'encontre de la journaliste traitée de “agouna… imbécile… mal élevée…” Cette dernière répondra au ministre en ces termes : “Si vous voulez être respecté comme ministre, alors respectez-moi… Vous ne m'insultez pas, respectez-moi…” Et là, devant l'ensemble des présents sidérés, Amar Tou reviendra sur ses pas pour foncer à nouveau sur la journaliste, proférant toujours des insultes. Pour la seconde fois, son entourage a dû intervenir pour le retenir et l'éloigner, évitant ainsi le pire. Quelques instants plus tard, le représentant du ministre est intervenu auprès de la journaliste pour que Amar Tou présente ses excuses. Et en guise d'excuses, il lui dira : “C'est ma façon à moi de parler !” refaisant le geste des coups qu'il lui avait assénés auparavant. Par un geste amical, le ministre a voulu ainsi clore un incident d'une extrême gravité et que des mots d'excuses ne sauraient effacer quand on se dit ministre, représentant de l'Etat. . F. B.