Que sont les 300 000 estivants ayant séjourné l'été 2005 sur l'une ou l'autre des plages de Chetaïbi comparativement au potentiel naturel fait de maquis, de montagnes et de mer incomparable nulle part ailleurs dont dispose cette commune ? Que représentent ces 800 000 dinars de recettes enregistrés par la commune durant la même période pour la population de ce village enclavé accroché à la roche de l'Edough ? Deux questions que ne cessent de se poser les quelque 20 000 habitants de Chetaïbi qui, été comme hiver, se partagent les charmes de leur ville dont le balcon ouvert offre de remarquables points de vue, tout un mélange de festons et d'arcatures naturels. Passées ses ruelles en pente aux maisons penchées, des escaliers de terre invitent au plaisir de la lente descente vers la grande bleue aux couleurs or, argent et émeraude. De là-haut, à partir du site dit El Hashassa, pourvu qu'il soit poète, l'estivant ou le promeneur saisira en regardant le ciel le secret des oiseaux bleus et du pourquoi la mer est très poissonneuse. Dans ce village de Chetaïbi, Herbillon durant la période coloniale et Tekkouche depuis la nuit des temps, il n'y a pas un seul hôtel digne du nom. Il y en avait bien un qui, faute d'investissement par le propriétaire, s'est éteint tout autant que son restaurant. L'image séduisante de ce village petit port de pêche, les nombreux atouts dont il dispose et les avancées qu'il a su réaliser en matière de réalisation routière, d'alimentation en électricité et prochainement en gaz naturel ne sont toujours pas arrivées à lui donner l'élan nécessaire pour une relance économique et sociale. La région est durement frappée par le chômage malgré la présence d'une importante flotte de petits métiers, sardiniers et chalutiers. De même les conflits entre ses élus s'opposent à la volonté d'ouverture exprimée par sa population. Déterminées à peser de tout leur poids auprès des plus hautes instances de l'Etat, les autorités locales travaillent actuellement à des programmes concrets pour la relance de l'économie locale en termes d'environnement, d'aménagement du territoire et d'investissements publics et privés. Récemment, des hommes d'affaires émiratis et des experts d'un bureau d'études espagnol se sont intéressés à Chetaïbi dans la perspective de lancer des projets touristiques de grande envergure. En attendant, c'est un opérateur économique privé qui s'est lancé dans la réalisation d'un camp de toile sous les platanes millénaires de la fontaine romaine. « Il nous faut une aide financière pour nous permettre de réaliser une route reliant les sables d'or à la plage de Sidi Okacha sur une distance de 4 km. C'est un investissement qui pourrait avoir un impact positif sur le développement économique et social de notre village. Exception faite du secteur du logement ou de l'extension du port, nous n'avons eu aucun projet d'investissement. Qualifiée de plus belle baie au monde, Chetaïbi n'a pas un seul hôtel ou restaurant à même de recevoir des touristes étrangers », dira Abdenacer B. Il reste néanmoins que l'alimentation en eau potable reste un problème, apparemment malgré la réalisation d'une conduite raccordée sur le réseau de la commune de Tréat. Ce problème serait à l'origine du refus des investisseurs nationaux et étrangers de s'y intéresser.