Les impératifs du développement économique risquent de conduire, si les précautions nécessaires ne sont pas prises, à une dégradation du patrimoine écologique national et à une détérioration progressive des écosystèmes floraux et fauniques. Sensibiliser les décideurs, mais aussi le grand public, sur les dangers qui guettent la nature devient alors une des conditions nécessaires à la promotion d'une prise de conscience collective visant à instaurer un développement durable respectueux de l'environnement. Consciente du rôle que jouent la vulgarisation et la communication environnementales dans la réussite d'une telle entreprise, la Direction générale des forêts (DGF) a organisé, la semaine dernière à Blida, un atelier de formation et de sensibilisation à l'adresse des journalistes de la presse nationale dans le but de les initier aux concepts, éléments et approches en rapport avec «l'économie des écosystèmes et de la biodiversité» et, par ricochet, de «faire connaître au grand public les impacts potentiels du changement climatique, tout en mettant l'accent sur la valeur des services fournis par les écosystèmes forestiers et les avantages qui en découlent pour d'autres secteurs». Il convient de noter que cette initiative entre dans le cadre d'un projet de partenariat financé par le ministère allemand de la Coopération économique et du Développement, à travers son agence GIZ, et avec la participation du Partenariat de collaboration pour les forêts méditerranéennes (PCFM), un cadre qui rassemble des institutions nationales et internationales variées, soucieuses du devenir des forêts méditerranéennes. Dans la région MENA, 5 pays sont concernés par ce projet : l'Algérie, le Maroc, la Tunisie, le Liban et la Turquie. L'objectif commun est de préserver, face au changement climatique, les nombreux biens et services des forêts méditerranéennes, comme la fourniture de produits ligneux et non ligneux, la protection contre l'érosion hydrique et éolienne, la séquestration du carbone, la conservation de la biodiversité, ou encore l'offre d'un espace naturel de récréation. Selon les explications fournies par deux experts de la GIZ, Ludwig Liagre et Michael Lennertz, il est aujourd'hui impératif de mettre l'accent sur l'intérêt économique que revêtent les forêts, en ce sens que les espaces boisés et leur gestion durable «peuvent contribuer de manière significative au développement durable, à l'éradication de la pauvreté et à la réalisation des objectifs de développement internationalement fixés, y compris les objectifs du Millénaire pour le développement». Dans le monde, les forêts abritent une grande partie de la biodiversité terrestre et génèrent un nombre important de biens et services, avantages dont l'homme profite. Ils contribuent, entre autres, à la purification de l'eau et de l'air, à la régulation climatique, au stockage du carbone, à la prévention de l'érosion, des inondations, de la désertification et permettent le maintien de la biodiversité terrestre. Les mêmes experts ont tenu à insister sur le fait que le principal message devant être largement diffusé auprès du grand public est celui de savoir que «la forêt n'est pas juste une forêt». La dégradation des écosystèmes forestiers et de la biodiversité peut entraîner, selon eux, d'importants coûts et pertes économiques liés aux impacts sur la santé humaine, une accélération du changement climatique, une augmentation des perturbations dans les bassins versants et la dégradation de la qualité de l'eau. C'est la raison pour laquelle l'implication des populations dans la gestion des espaces boisés revêt une importance capitale. Car il n'y a pas de conservation possible si les populations ne sont pas partie prenante à la protection et à la conservation de l'environnement.