-Quelle lecture faites-vous des explications présentées par le ministre des Finances et la Banque d'Algérie par rapport à la dévaluation du dinar ? Les pressions induites par les importations ont fortement augmenté, et ce, malgré tous les efforts entrepris afin de les limiter. Le gouvernement a tout essayé, que ce soit l'introduction de l'obligation du recours au crédit documentaire pour les transactions de commerce extérieur ou la taxe sur les véhicules neufs, les importations ont continué à augmenter. Le fait que l'on diminue la valeur du dinar à l'effet de limiter les importations coule de source. L'objectif en ce sens est tout à fait clair. C'est une dévaluation incontournable, même si c'est l'aveu d'un échec des politiques économiques. Il faut savoir que du point de vue macroéconomique une dévaluation reflète toujours un échec des politiques économiques. -Le ministre des Finances joue sur les concepts, estimant que ce n'est pas une dévaluation mais plutôt une dépréciation. Qu'en pensez-vous ? On ne peut parler de dévaluation, car le régime de change du dinar n'est pas un régime de change fixe. C'est un régime de flottement dirigé. On ne peut également parler de dépréciation car le dinar n'est pas convertible sur le marché des changes. Je pense qu'on est en présence d'un cas d'intervention de la Banque centrale, de manipulation du taux de change dans l'objectif de limiter la hausse des importations. -Quel impact aura cette dévaluation sur le pouvoir d'achat des ménages et sur le budget de l'Etat ? Cette dévaluation est tout à fait normale dans la mesure où le gouvernement a concédé des augmentations de salaires et a largement subventionné les produits de large consommation sans contrepartie. Cela a entraîné une inflation. La baisse de valeur du dinar aura aussi un impact sur l'inflation. -Croyez-vous que le taux d'inflation baissera, comme indiqué par le ministre des Finances ? Je ne suis pas convaincu que le taux d'inflation baissera comme l'a annoncé le ministre. Or, supposons que l'inflation baisse effectivement, il reste que le taux de 4,5% avancé par le ministre est largement au-dessus du taux d'inflation en Europe et aux Etats-Unis. Donc, selon le principe parité de pouvoir d'achat relatif, le dinar restera sous pression. Il risque d'être déprécié sous l'effet de l'accumulation.