Suite aux multiples informations rapportées par la presse concernant la dévaluation du dinar, le ministre des Finances Karim Djoudi, a, enfin, donné des explications économiques concernant cette nouvelle situation. Ainsi, le dinar algérien "s'appréciera à nouveau" dans les prochains mois après une dépréciation d'environ 9% par rapport à la monnaie européenne opérée depuis le mois de juin, a affirmé hier à Alger le ministre des Finances, Karim Djoudi. "Selon nos prévisions, il y aura (dans quelques mois, NDLR) un taux d'inflation de 4% voire moins et le dinar va s'apprécier à nouveau", a-t-il déclaré en marge de la présentation du projet de loi de finances 2014 devant l'Assemblée populaire nationale. La dépréciation de la valeur du dinar par rapport à l'euro et au dollar est le résultat du différentiel entre le taux d'inflation en Algérie et celui enregistré dans le reste du monde, a expliqué le ministre. Il s'agit d' "un cas de dépréciation car le marché a enregistré, par le fait de la Banque d'Algérie, le différentiel de l'inflation en Algérie et le reste du monde (en Europe et aux Etats-Unis)", a-t-il souligné. Toutefois, cette tendance "pourrait être inversée prochainement", a estimé le ministre. Compte tenu du fait que ce différentiel ira en se réduisant au cours des prochains mois, a-t-il poursuivi, "la valeur du dinar devrait, de mon point de vue, enregistrer cette réduction du différentiel de l'inflation et reprendrait de la valeur". Selon M. Djoudi, un recul du taux d'inflation est déjà constaté. "En décembre 2012, l'inflation était de 8,9% et en août 2013, le taux a baissé à 4,4% puis à 4,1 % en septembre", a-t-il avancé. La dépréciation du dinar est vécue comme un drame économique au plus fort de la crise algérienne. Un choc dont l'incidence sur le plan économique et social est fortement ressenti par les ménages et les entreprises. Cette dépréciation aura pour effet, dans quelques semaines, de provoquer une forte hausse des produits importés, mais l'impact sur les principaux produits de consommation (semoule, lait, sucre, huiles…) restera toutefois limité pour le consommateur du fait des subventions de l'Etat. Cette dépréciation du dinar, notent les experts, n'aura qu'un impact très limité sur la compétitivité des produits locaux : l'Algérie qui importe presque tout ce qu'elle consomme, n'exporte que les hydrocarbures qui représentent 98% des exportations du pays. Notons, en outre, que la dévaluation continue du dinar a profité au marché parallèle et le cours au noir reflétait plus la réalité économique que le taux de change officiel. Le dinar est pondéré par rapport à un panier de monnaies étrangères où l'euro et le dollar représentent l'essentiel. En d'autres termes, quand le dinar s'apprécie par rapport au dollar, il se déprécie automatiquement par rapport à l'euro. Par contre, si le dinar s'apprécie ou se déprécie par rapport aux deux monnaies en même temps, cela s'appelle une réévaluation dans le premier cas ou une dévaluation dans le second. Or le dinar a subi en décembre 2011 une dépréciation par rapport aux deux monnaies. Ainsi, on peut dire que le dinar est une monnaie presque dépendante du dollar, étant donné que les revenus en devises sont issus à 97 % des hydrocarbures.