Au pays des patronymes et des têtes de tribus, le prénom ne compte pas. Pourtant, les Abdelaziz ont des points communs : l'Alliance stratégique avec l'islamisme, le maintien d'un conservatisme rentier, la religiosité comme mode de gestion par la déculpabilisation et le louvoiement permanent sur les questions de fond et de détail. De fait, la nomination de Abdelaziz Belkhadem par Abdelaziz Bouteflika est cohérente puisque ce dernier ressemble plus au premier qu'à Ahmed Ouyahia et que celui-ci ressemble plus à une erreur de casting dans le grand film de la réconciliation qu'à un souci d'efficacité. La suite ? Les scénarios sont différents à ce niveau : pour les buveurs, c'est la fermeture des bars et l'augmentation des taxes sur l'alcool. Pour les femmes, c'est le retour au Moyen-âge par l'étroit chemin qui sépare le conservatisme de l'islamisme. Pour les économistes, c'est le modèle Dubaï, commerce multiple et libéralisme débridé sur fond de fermeture totale des libertés. Pour les politiques, c'est une réforme de la Constitution, un troisième mandat pour le Président et un poste de vice-président pour Belkhadem, à transformer en poste de Président à la maladie fatale du président en 2010. Pour les autres, rien n'a changé et rien ne va changer, l'arrivée d'un apparatchik au centre des courants d'influence, sans vision propre ni programme particulier en dehors de la gestion des équilibres, n'est que la continuité logique d'un système qui s'appuie avant tout sur la puissance des clans au détriment d'une logique démocratique. Même si la question de la personnalité de Belkhadem est au centre de toutes les discussions : dans les cercles proches de Ouyahia et hostiles à Belkhadem, on soupçonne même le nouveau chef du gouvernement de ne pas s'appeler Abdelaziz, mais d'avoir choisi ce prénom uniquement parce que c'est celui du Président. Belkhadem yekhdem.