Un bilan riche d'échanges artistiques entre Lyon, Alger et Sétif. Aujourd'hui s'achève la dixième édition d'une expérience culturelle unique fondée sur un partenariat entre Lyon, Alger et Sétif à travers trois entités : Gertrude II, Chrysalide et Perséphone. Gertrude II est une compagnie d'événements et de créations créée en 2002 par Guillemette Grobon et Sandrine Pichet. Présidée par Hajar Bali, l'association Chrysalide, l'une des plus exigentes et durables de la scène culturelle algérienne, a vu le jour à Alger en 2000 et s'est investie sur un registre pluridisciplinaire : cinéma, théâtre, musique, littérature… Depuis 2005, la coopérative artistique Perséphone, présidée par Randa El-Kolli, s'est distinguée à Sétif par une activité remarquable avec son ciné-club, sa troupe de slam, ses ateliers d'écriture, etc. Ce trio s'est constitué à ses débuts en s'appuyant sur de premiers contacts, fortuits ou programmés, individuels ou de groupe. De là est né un concept original de «co-développement culturel». Co-développement entre les parties mais, également, co-développement entre diffusion et création, ces deux pôles s'enrichissant mutuellement. Le choix des villes n'est pas fortuit. Lyon et Sétif entretiennent des relations profondes à travers la forte présence, à la confluence du Rhône et de la Saône, d'une communauté algérienne issue, en grande partie, de la capitale des Hauts-plateaux algériens. D'où cet intitulé de «Noir sur blanc», évocation des couleurs du club de football – l'Entente de Sétif – mais également symbole de l'écriture comme de l'expression consacrée, gage de franchise et de sincérité. Loin d'être un simple intermédiaire ou relais entre Lyon et Sétif, Alger apparaît dans ce trio comme un partenaire très actif. Etalée du 7 au 9 novembre, cette 10e édition de «Noir sur blanc» s'est tenue encore à l'Amphithéâtre de l'Opéra de Lyon autour d'un programme centré sur le théâtre, la musique et des échanges avec le public. C'est aussi l'occasion de jeter un regard nostalgique et fier sur une décennie active qui a concerné 105 artistes et intellectuels algériens et français participant aux différentes éditions, dont six se sont déroulées à Lyon, trois à Sétif et une à Alger. «Noir sur blanc», c'est aussi 15 créations de théâtre et de slam, 18 lectures mises en espace, 34 œuvres d'arts plastiques, 8 concerts, 6 courts-métrages, 15 tables-rondes, etc. Mais, au-delà des activités artistiques, ce qui a compté aussi et vient conforter davantage l'idée de co-développement, ce sont les 8 résidences de création, les 8 cycles de formation et les 8 stages engagés au profit d'artistes algériens et, essentiellement, des jeunes. Pour emblème de cette édition, les organisateurs ont choisi la bâtisse abandonnée de la Pointe-Pescade, près d'Alger. Un choix que justifie Guillemette Grobon avec lyrisme : «Alors, au-delà de cette maison hantée accrochée au littoral d'Alger, surgissant derrière le béton, l'éclat lumineux du ciel protègera le corps de nos pensées et de nos créations. Et nous protègera de nos désastres jusqu'à l'éclosion d'un trésor». Mais ce trésor, n'est-il pas déjà dans l'affirmation réussie d'échanges créatifs ?