Du 7 au 9 novembre à l'Amphi Opéra de Lyon, ça va bien remuer les méninges, la voix et les cordes. Pour ceux qui n'ont pas eu l'occasion de croiser la route de Noir sur blanc au cours des 10 dernières années, sachez que cet évènement culturel multidisciplinaire est le fruit de collaboration et partenariat de trois équipes d'artistes, trois associations, Gertrude II de Lyon, Chrysalide d'Alger et Perséphone de Sétif, lesquelles se sont rencontrées, se sont associées, unies leur talents afin de développer un programme de créations artistiques et continuent encore aujourd'hui de poursuivre leur passion de l'art. Non sans embûches. Pour l'édition 2013, ces équipes se sont réunies autour du processus d'écriture théâtrale et musicale. L'ouverture aura lieu en soirée du 7 novembre avec une lecture publique signée par une vraie habituée de ces rencontres. Il s'agit de Randa El Kolli (auteure, dramaturge, présidente de Perséphone, Sétif) qui présentera la trilogie Comme une carpe, déclinée à travers trois textes: D'où vient le cygne?, En attendant que le chat miaule! Et Le cri de la girafe. L'ensemble forme un long récit relatant l'histoire mouvementée de femmes algériennes. Randa sera lue par les neuf comédiens-compagnons du Geiq. Théâtre. Un moment littéraire et théâtral mis en lecture par le metteur en scène Vincent Bady. Le lendemain place à une rencontre-retrouvaille. Les auteurs de Sétif, Lyon et Alger qui ont participé au programme Noir sur blanc entre 2003 et 2013 se réuniront, le temps d'une soirée conviviale et mémorable autour du thème «Ecrire, éditer, mettre en scène, créer». On relèvera les noms de Hajar Bali auteure, dramaturge, présidente de l'association Chrysalide d'Alger, Adila Bendimerad qui manie avec habilité plusieurs casquettes soit de comédienne, metteure en scène, productrice, et directrice artistique de l'association Chrysalide, Randa El Kolli, Mehdi Benachour qui est slameur, artiste de la scène musicale de Lyon, Olivier Angèle compositeur, chanteur et comédien de Paris et enfin, Guillemette Grobon metteure en scène et directrice artistique de la Cie Gertrude II de Lyon. La modération de la rencontre sera assurée par Patrick Penot, directeur du Théâtre des Célestins. Aussi, à cette occasion, se tiendra à l'Amphi Opéra de Lyon le 1er live de la création musicale I feel so different? Un projet dont «l'univers est inspiré par un parcours d'allers-retours d'écrits entre des artistes de France et d'Algérie. Un voyage dans les variations de tonalité des écritures antiques et contemporaines. Une oeuvre signée par trois musiciens et une comédienne pour un mouvement continu, composé de chants purs, de matières sonores, de thèmes instrumentaux et de texte interprétés». On notera Olivier Angèle au claviers et voix, Gilles Coquard à la guitare, Eric Moulin au clavier et enfin la voix de la comédienne algérienne Adila Bendimerad qui donnera le la à cette belle composition fortement inspirée par le recueil de ses pièces de théâtre. Cette aventure musicale sera une étape préalable à un projet théâtral à venir. Olivier Angèle qui est à la fois comédien, musicien, et compositeur et Guillemette Grobon collaborent ensemble depuis de nombreuses années. Un compagnonnage fervent pour des créations théâtre, danse et cinéma. Ils se retrouveront sur le prochain projet théâtral de la Cie Gertrude II: Peuple 3,surgi des Enfers et des Paradis. Une adaptation de Guillemette Grobon du recueil de pièces d'Hajar Bali, Rêve et vol d'oiseau (Ed. Barzakh, Alger 2009). I feel so different? est l'étape musicale en fait de ce projet théâtral. Inspiré par les écrits d'Hajar Bali, Olivier Angèle a enrichi cette création des poèmes de Qays Ibn Al Mullawah (Péninsule arabique, VIIe siècle) et des extraits de Mon corps d'Algérie de Guillemette Grobon. «Une édition 2013 tournée vers le processus d'écriture théâtrale et musicale: de la découverte d'auteurs résolument contemporains, à l'édition, en passant par la mise en espace, la lecture publique, l'écriture slam, la mise en scène, la création musicale, etc. Une édition tourmentée par les réalités politiques et économiques de tous les partenaires. Désarçonnée par les turbulences sociétales. Coincée entre les grands principes fondateurs de tous projets internationaux et l'extrême état des lieux de la réalité de nos échanges. Tailladée par la fracture artistique, en France comme en Algérie. Mais non rompue. Une édition qui tient bon sur nos intuitions premières. Ce qui nous arrive là-bas, nous arrive ici et le monde s'écrit dans ce mouvement de va-et-vient perpétuel. L'immigration algérienne est la première immigration de France: écrivons avec Alger! La première immigration en Rhône Alpes est précisément celle de la wilaya de Sétif: écrivons avec Sétif! Entrons ensemble dans le paysage des écritures contemporaines. Et tentons le durable qui dure. Osons les dix ans. Nous y sommes!» souligne Guillemette Grobon dans l'édito lisible sur le dossier de presse de Noir sur blanc 2013. Une manifestation à saluer vivement car elle a su tenir le cap en faisant fi de tous les obstacles d'où qu'ils viennent.