Les universitaires ont souligné que sans le respect des lois et des normes en vigueur, la protection de l'environnement restera un vœu pieux. La question de l'environnement et le développement durable étaient au centre des débats, mercredi et jeudi derniers à l'université Akli Mohand Oulhadj de Bouira. L'auditorium de l'université a accueilli pendant deux jours plus d'une quarantaine de chercheurs et d'universitaires venus de plusieurs universités du pays pour parler, chacun selon leur domaine de compétence, de l'actualité liée à la sauvegarde de l'environnement sous un angle permettant surtout d'assurer le développement durable. Le premier intervenant à ce séminaire national est le professeur Djoudi Merabet, ex-recteur de l'université de Béjaïa et membre de l'ordre des experts internationaux. Au cours de sa communication intitulée «L'extraction minière, l'environnement et le développement durable», M. Merabet dira que sans des compétences, la protection de l'environnement ne pourra pas être assurée. «Il faut agir sur le sol, les eaux, les cultures, les forêts, les équilibres biologiques… Surtout, il faut aussi établir un système de gestion lisible et simple», a-t-il préconisé. Quant à l'extraction minière, particulièrement les carrières d'agrégats, le professeur indique que «si on ne prend pas de précautions et si on ne respecte pas les normes, les carrières poseront de grands problèmes». Selon lui, la gestion des projets doit être lisible et transparente. «S'il n'y a pas la primauté de droit, on ne peut rien faire», estime-t-il. Sur l'exploitation du gaz de schiste, M. Merabet n'a pas voulu s'étaler lors des débats, puisque, dit-il, il n'y a aucune donnée sur ce dossier. «Je souhaite que la base de données concernant le gaz de schiste soit mise à la disposition des scientifiques», a-t-il répondu. L'autre thème qui a attiré l'attention lors de ce séminaire est la gestion des déchets ménagers et industriels. Les universitaires, qui se sont intéressés à ce sujet, ont conclu que les collectivités locales manquent d'efficacité et peinent à instaurer une politique à même d'améliorer le cadre de vie des citoyens et préserver le milieu naturel. En outre, les intervenants ont constaté que les moyens adéquats font défaut. Ainsi, indiquent-ils, l'homme est souvent désigné comme étant le seul responsable de la dégradation de l'environnement urbain. Pour le cas de la gestion des déchets au niveau de la ville de Tizi Ouzou, chef-lieu de wilaya voisine, M. Djeffal Djafar, a tenu à souligner, au cours de sa communication, que la majorité des citoyens interrogés ne savent pas comment gérer leurs déchets ménagers. Concernant le traitement des déchets provenant des entreprises dans la wilaya de Bouira, le tableau qu'ont brossé les co-auteurs de la communication, Amrani Saloua et Ziane Lakhdar, enseignants à l'université de Béjaia, est loin d'être reluisant. «Pour la gestion des déchets au niveau des entreprises à Bouira, on a constaté que les pouvoirs publics obligent ces entreprises à traiter leurs déchets, mais on ne sait toujours pas comment cela se fait», relèvera Mme Amrani Saloua en suggérant que le mieux, sur le plan à la fois économique et environnemental, est de réfléchir à revaloriser les déchets solides en particulier, que de procéder à leur élimination. L'enseignante pense que l'Etat est appelé à faire montre de rigueur pour suivre de plus près le processus de traitement des déchets. «Le développement durable, c'est d'abord assurer la durabilité des ressources», dira-t-elle en conclusion. Le doctorant Ziane Lakhdar, fera remarquer quant à lui que la pollution qui touche de la nappe phréatique de la vallée du Sahel est due principalement aux rejets des entreprises. «Si les entreprises ont investi davantage dans le traitement de leurs déchets, surtout liquides, la nappe de la vallée du Sahel ne serait pas polluée. Une conséquence qui va se répercuter sur les générations futures», affirme-il. «Les pouvoirs publics doivent jouer un rôle de régulateur. Ils doivent faire respecter la loi. La direction de l'hydraulique joue un rôle important dans le respect de la réglementation concernant la protection des ressources hydriques. Mais elle se contente uniquement de remplir un rôle administratif et non pas celui de sauvegarder l'environnement», relève le même orateur. Pour ce qui est des solutions, les deux enseignants s'accordent à dire que la mise en place d'un cadre juridique qui régit l'activité industrielle, et surtout son application, est la revalorisation des déchets, ce qui pourrait réduire l'impact négatif sur l'environnement. De son côté, le Dr Aïssani, médecin pathologiste et membre du conseil national de l'ordre des médecins, affirme, dans son intervention intitulée «Plaidoyer pour une médecine de l'environnement en Algérie», que «les maladies respiratoires sont liées à l'environnement». D'où la nécessité d'œuvrer pour la préservation de l'environnement et sensibiliser le citoyen à se comporter en vrai écologiste..