Même si Andrade Gutierrez achève les travaux de liaison entre le pont et l'autoroute Est-Ouest le 16 avril 2014, ce dernier (le tronçon) ne sera pas près d'être ouvert à la circulation. L'objectif de la visite tant attendue du ministre des Travaux publics, Farouk Chiali, hier, à Constantine, est la mise à niveau des deux grands projets structurants de la ville : le pont géant -baptisé pont de l'Indépendance- et le tronçon de l'autoroute Est-Ouest. Le ministre s'est enquis de l'avancement des travaux et des échéances, à chaque fois retardées. Si concernant le pont, réalisé par le groupe brésilien Andrade Gutierrez, il a manifesté une certaine satisfaction du taux d'avancement des travaux, estimé à 80 %, il n'en a pas été de même pour celui de l'autoroute Est-Ouest, qui traîne depuis 2007. A ce propos, les représentants d'Andrade Gutierrez ont tenu, en parallèle de la visite du ministre, un séminaire sur les techniques utilisées dans la réalisation de cette œuvre, répertoriée référence internationale. Et le plus intéressant est l'intégration des Algériens (main-d'œuvre qualifiée et université) aussi bien dans l'exécution que dans la maîtrise. De l'avis du ministre, ce projet constitue un vrai cas d'école qu'il faut impérativement saisir. Dans la foulée, le PDG d'Andrade Gutierrez a annoncé l'achèvement d'une nouvelle liaison entre le pont et l'autoroute Est-Ouest pour le 16 avril prochain. Le ministre des Travaux publics a déclaré : «L'Etat est comme un organisme vivant qui ne peut survivre que grâce à des échanges et nos projets, notamment en infrastructures routières, restent des impératifs, à plus forte raison nous disposons d'un parc automobile sans cesse croissant, entre 200 et 300 000 véhicules par an.» Concernant le projet de l'autoroute Est-Ouest, réalisé par Cojaal, le ministre a acculé les Japonais qui peinent à honorer leurs engagements. Le commis de l'Etat a posé diverses questions, notamment d'ordre technique, entre autres, sur la cadence du creusement du tunnel. Les réponses du directeur de l'agence nationale des autoroutes (ANA) et celui de Cojaal (tous les deux arboraient profil bas) se confondaient ente 0,5 km et 1,75 km. Faisant un calcul rapide, Farouk Chiali en déduira: «Il faut donc attendre trois autres années !» Il s'est en fait, référé au délai de 10 mois pour le creusement et autant pour les travaux annexes, soit une autre date butoir, juin 2015, avancé par le directeur du consortium. Les raisons demeurent vagues. L'ingénieur du consortium lancera cette réponse au ministre : «En 40 ans de métier, je n'ai jamais rencontré autant de difficultés sur un tunnel !» Ce à quoi ce dernier rétorquera : «Et pour le tronçon d'El Tarf, qu'en est-il au juste ? » Et le même responsable japonais, dont la gêne était fortement perceptible, de répondre : «Il va falloir attendre les dirigeants qui seront présents dans deux jours et décider de la poursuite ou du retrait de ce projet.» Qu'en serait-il alors dans le cas d'un retrait ? avons-nous demandé au ministre. «Nous disposons d'alternatives, car le ministère a pris toutes les dispositions nécessaires ; l'avenir de ce consortium en Algérie reste tributaire de sa bonne volonté à prendre part aux nombreux projets que le pays s'apprête à lancer, notamment d'autres autoroutes.» Et d'ajouter, toutefois, à la décharge du consortium : «Il y a cependant une relative satisfaction dans cette réalisation : le travail répond aux normes internationales en matière de travaux publics ; mais les retards sont à la charge du consortium qui devra s'acquitter de toutes les pénalités y afférentes.» Lors de la conférence de presse que déclinera le ministre sur le site même du tunnel, celui-ci dira qu'il n'est pas comptable du passif de son prédécesseur quant à la question des échéances souvent annoncées en grande pompe, mais qui restent lettre morte dans les faits.