Contrairement aux années passées où la cérémonie d'ouverture se déroulait en plein centre-ville de Ghardaïa, plus précisément sur le parvis de la mairie de Ghardaïa, véritable perle architecturale de Fernand Pouillon, le top du début du 5e Festival de la chanson et de la musique locales a été donné au théâtre de plein air de Bouhraoua. Les festivités, pour lesquelles un public très nombreux s'est déplacé, ont été entamées par un spectacle riche en sons et couleurs. En effet, la célèbre troupe de zorna et de karkabou de la ville de Ghardaïa, unique en son genre de par ses effets vestimentaires composés de saroual mozabite et de tuniques en coton bariolées, a assuré un spectacle ponctué de détonations de baroud tiré par des karabilas centenaires, invitant à sa manière la population à assister à ce festival qui tend de par sa réussite, déjà acquise lors des précédentes éditions, à devenir incontournable sur la scène artistique locale et régionale. Ce qui n'était qu'un préambule, puisque l'ouverture officielle a eu lieu avec la magistrale prestation du maître de la chanson châabie locale, l'enfant de Beni Izguène et élève du cardinal El Hadj M'hamed El Anka. Nous avons nommé l'incontournable cheikh Ahmed Zaïdi, référence locale absolue en la matière. Un pur moment de bonheur pour les mélomanes qui en redemandaient. Ce fut ensuite à la prometteuse troupe Ithrène de Berriane d'emballer les jeunes et moins jeunes par ses chansons en mozabite, reprises en chœur par une bonne partie de l'assistance. La soirée fut clôturée par un récital d'envoûtantes chansons targuies, expression profonde de l'identité des Touareg, interprétées par la troupe Imerhane Tanezrouft de Tamanrasset, qui transporta carrément le public par ses envoûtantes chansons targuies et une chorégraphie absolument sublime dont le public, émerveillé par les rythmes et les voix ensorcelantes targuies, combinées à un jeu de lumière simple et sobre mais très esthétique, vibrera sous les rythmes de cette musique festive, ne voulant absolument pas quitter la salle. Mais ce n'est que partie remise, puisque les organisateurs ont prévu un autre passage de cette troupe pour le lendemain. Malgré la température glaciale qui sévissait sur les hauteurs de Ghardaïa, sur le plateau de Bouhraoua, livré aux quatre vents, le public est resté plein d'admiration devant cette mosaïque d'une beauté incomparable. Pour la seconde soirée, les organisateurs ont été bien inspirés de l'organiser dans la maison toute proche, évitant ainsi à leur public d'être frigorifié. Les troupes qui se sont produites à l'intérieur de cet endroit clos étaient beaucoup plus à l'aise pour démontrer tout leur art et leur passion pour la musique. Signalons qu'au plan de la programmation, cette édition a eu une autre dimension géographique vu que les organisateurs ont prévu de délocaliser quelques prestations vers d'autres communes de la wilaya, à l'image de Hassi El Gara, dans la daïra d'El Ménéa, à 270 km du chef-lieu de wilaya et, surprise, même en dehors de la wilaya, à savoir Ouargla. Celle-ci a été retenue dans le programme au regard de sa charge historique, sachant qu'elle a abrité Sedrata, une ville ibadite située à 11 km du ksar de Ouargla, d'où sont partis les premiers pionniers ibadites qui se sont installés dan la vallée du M'zab, plus exactement à El Atteuf. A El Ménéa, le public a été subjugué par un concert de chants orientaux et maghrébins de la troupe de Siradj Kacem, au point que la salle du centre culturel de Hassi El Gara s'est avérée trop petite pour contenir tout le public venu assister au concert. A Ouargla, le public a eu droit à une prestation du groupe du prometteur chanteur mozabite Omar Daoud, du ksar de Bounoura, suivi de la troupe Zingdah de Ouargla avant de clôturer la soirée en apothéose avec la troupe Imekraz N'oueghlan de Berriane. Il y a lieu de souligner l'organisation, en marge de ce festival, d'un débat radiophonique sur le thème du poème patriotique dans la langue amazighe, et ce, avec la participation de pas moins de 5 radios locales de proximité, à savoir Tipasa, Tamanrasset, Batna et Adrar en sus de celle de Ghardaïa. Mais qui dit amazigh dit surtout Tizi Ouzou et Béjaïa. Leur participation à cette importante thématique culturo-linguistique aurait, sans aucun doute, gagné en richesse culturelle et aurait certainement contribué à élever le débat. La fête n'étant pas encore finie, la vallée continue de vibrer dans la liesse et l'allégresse d'un festival bienvenu et surtout à l'incommensurable joie procurée par l'éclatante victoire de l'équipe nationale de football. Que la joie dure dans ce beau pays et son peuple cristallisé autour de son emblème national pour lequel se sont sacrifiés un million et demi des meilleurs enfants de ce pays. Un emblème qui flottera à Rio de Janeiro, au Maracaña et à Copacabana. Ainsi soit-il ! C'est notre destin, le destin des peuples qui endurent et qui durent.