La cinquième édition du Festival de la musique et de la chanson locales a pris fin samedi soir au théâtre de plein air de Bouhraoua, sur les hauteurs de la ville de Ghardaïa, par un spectacle haut en couleur. Pendant cinq jours, l'esplanade de l'espèce de théâtre romain a vibré aux sons (et même aux lumières) d'une vingtaine de concerts de différents genres et styles musicaux (targui, m'zabi, châabi, malouf, andalou et kabyle) assurés parfaitement et avec talent et brio par des troupes artistiques de toute l'Algérie profonde. Cette mosaïque a indubitablement donné à cette édition une empreinte et un cachet multiculturels. Cette soirée de clôture, entamée par le talentueux duo local de rap Borcano (volcan), ayant mis en entrain les jeunes qui répétaient les tubes appris par cœur, suivi d'un exceptionnel récital de malouf interprété par Nabil Sahraoui, a été également marquée par le groupe de musique moderne Free Kleane (libre esclave) qui a, deux heures durant, réussi à créer une ambiance d'enfer. Devant une assistance nombreuse, accompagnée de Saïd et Noureddine à la guitare, de Youcef à la basse, de Yacine à la batterie et Izem au clavier, le chanteur du groupe, Chemseddine, a su réveiller auprès des mélomanes de la chanson moderne le besoin de s'exprimer corporellement, incitant ainsi le public à danser aux rythmes des instruments de musique moderne. Le public, notamment de nombreuses familles venues avec leurs enfants, émerveillé par tant de virtuosité et de parfaite synchronisation, n'a pas été avare en applaudissements. Le jeu harmonieux de l'orchestre dénote un long apprentissage et une parfaite maîtrise dans l'exécution et l'interprétation de son répertoire constitué surtout d'œuvres qui ont fait la réputation du groupe, notamment sur les ondes de la Radio nationale, telles que le tube fétiche Lalla Mira, Ya El Madani et Bent El Soltane. La touche sublime d'une évidente recherche musicale se distingue par cette infinie discrétion qu'appréciera le mélomane averti comme le néophyte, tant elle coule dans le jeu avec une harmonie qui n'a d'égale que sa beauté. Au cours de la cérémonie de clôture, un hommage a été rendu à Belaïd, le grand chanteur et fondateur du mythique groupe kabyle Tagrawla ainsi qu'au plus grand joueur de luth de la région du Sud, Ali Laredj, du haut de ses 68 ans, qui a commencé à jouer de cet instrument dans un groupe de musique en 1963 à El Ménéa (ex-El Goléa), a beaucoup contribué à la valorisation de ce patrimoine immatériel de la région. Par ailleurs, le premier prix de la poésie patriotique en langue amazighe est revenu à l'incontournable poète, Youcef Lassakeur, l'enfant de Berriane. Nous avons aussi appris qu'un protocole d'accord a été signé entre le commissaire du Festival de la chanson et de la musique locales de Ghardaïa, Zoheir Ballalou, avec Mme Gaoua Salima, la commissaire du Festival de la musique et de la chanson locales de Béjaïa pour entreprendre des projets d'échange d'artistes. On aura ainsi des artistes de la vallée du M'zab qui iront se produire sur les planches de la vallée de la Soummam et vice versa, ce qui ne serait que pur bonheur, tant pour les artistes que pour le public de ces deux belles régions de notre pays. Mme Gaoua aurait déjà inscrit sur son calepin le groupe Borcano et Free Kleane pour les inviter à se produire devant le public de la cité des Hammadites et d'autres seraient en liste d'attente. Vivement la 6e édition et nous y serons !