Au cœur du litige : la mitoyenneté de propriété du terrain censé accueillir la nouvelle mosquée. Une autre banderole accrochée à l'entrée du village Louta, à quelques encablures du chef-lieu de la commune de Chemini, interpelle les passants : «eau et gaz avant la mosquée». Le projet de construction d'une mosquée devant prendre place au centre du chef-lieu de la commune de Chemini est devenu source de conflit entre une association religieuse activant au niveau de la commune et un collectif d'enseignants résidant à la cité des 25 logements (érigés en deux blocs) sise au lieudit Tala Ali.Un groupe d'enseignants a pris l'initiative de créer en 2006 une association sous le nom Hygiène dans l'objectif de protéger l'environnement. La cité jouxte l'enceinte du lycée mixte Ouddak Arab. Au cœur du litige : la mitoyenneté de propriété du terrain censé accueillir la nouvelle mosquée. Les griefs portés contre l'association religieuse sont : «la tentative d'accaparement d'une partie du terrain non bâti prévu initialement comme servitude, espace vert, aire de jeux pour enfants et stationnement véhicules, de surcroît, faisant partie intégrante de notre cité», peut-on lire dans les lettres adressées à différents responsables (P/APC de Chemini, chef de daïra, wali de Béjaïa et directeur de l'urbanisme et de la construction). Les travaux de terrassement entrepris ces derniers jours ont causé l'affaissement de la clôture du lycée, et dans le cas où la météo se gâterait, la bâche se trouvant près de la clôture risquerait de s'écrouler elle aussi. Les dernières pluies ont mis la cour de la cité dans un état lamentable. Les habitants de cette cité trouvent toutes les peines du monde pour se frayer un passage à leur immeuble. Entre l'entrée de chaque immeuble et la cour s'étend une mare pleine de boue. «On ne sait à quel saint se vouer. C'est devenu un calvaire de vivre dans de telles conditions», avoue, avec amertume, un enfant d'enseignant. Saisissant la venue du wali pour inaugurer certains projets dans la daïra de Chemini, les plaignants ont suspendu des calicots à l'entrée de leur cité et à leurs balcons, où on peut lire : «Oui pour la mosquée, non pour la hogra», «non à la violation des droits de nos familles». Une autre banderole accrochée à l'entrée du village Louta, à quelques encablures du chef-lieu de la commune de Chemini, interpelle les passants : «eau et gaz avant la mosquée». «Nous soutenons pleinement les enseignants dans leur démarche. Il n'existe pas un village dans notre région qui n'est pas doté d'une mosquée. Il y a d'autres priorités urgentes auxquels aspirent nos habitants, entre autres, l'eau et le gaz», avance Farid, universitaire. «Nous avons intenté une action en justice contre l'association religieuse en 2009 afin de faire valoir nos droits», affirme, C. Benani, président de l'association Hygiène. Et d'ajouter : «l'accès mentionné sur le plan de construction de la future mosquée n'existe pas, et cela, suite à la vérification des plans de masse ainsi que la confirmation des anciens propriétaires des deux lots de terrain acquis par l'association religieuse en 2008». Moult rencontres ont eu lieu entre les deux parties en litige, et ce en présence du premier magistrat de la commune et du chef de daïra afin de trouver un terrain d'entente et régler à l'amiable ce conflit qui dure depuis quatre ans. La dernière en date, ayant lieu la veille de la visite du wali, a vu un dénouement de la situation, où les deux parties ont trouvé un modus vivendi en signant un accord de principe. La future mosquée sera érigée au niveau du deuxième lot de terrain non loin du premier, ce qui arrange et les enseignants et les membres de l'association religieuse.