D'abord pour avoir constitué un espace d'écoute et de débat entre responsables et citoyens, ensuite pour avoir permis d'exposer au grand jour les problèmes de la région. Après une série d'interventions officielles, le président de la section locale de l'association des cadres chômeurs opérera un véritable tournant dans le sens des débats en usant d'un langage simple, courageux et sincère. Il sera, d'ailleurs, bruyamment ovationné par une assistance qui commençait à s'ennuyer. « Plus de 480 cadres sont au chômage dans la daïra dont 260 dans la seule commune de Ben Azzouz, et ils ne demandent qu'à s'impliquer dans le développement de leur localité. Et je voudrais à ce sujet relever que le taux de cadres dans les deux institutions administratives, la commune et la daïra est de seulement 1%. Comment voudrait-on parler de développement, alors que sur les 363 employés de la commune, il n'existe que trois cadres alors qu'à la daïra il n'y a qu'un seul ? », s'est-il interrogé avant de mentionner que « la commune n'a bénéficié que de trois postes dans le cadre du préemploi. C'est insignifiant pour une jeunesse sans aucun débouché et même si nous admettons que l'emploi reste tributaire de plusieurs paramètres qui sont souvent compréhensibles, nous jugeons que les responsables à Ben Azzouz ne font pas assez d'effort pour permettre à la région de disposer de plus d'opportunités ». L'intervention du jeune responsable de l'association des cadres chômeurs a quelque peu encouragé les autres intervenants à user du même langage comme le fera une jeune fille qui mettra en exergue la galère que vivent les jeunes filles de Ben Azzouz pour prétendre suivre une formation professionnelle. Elle rapportera, à cet effet, que « les filles de Ben Azzouz doivent se déplacer à Berrahal dans la wilaya de Annaba ou à Azzaba pour suivre une formation ». Les jeunes ont été les plus « virulents » dans leur intervention et ont tenté d'exposer les problèmes d'oisiveté. Ainsi, il en ressort que la commune de Ben Azzouz où vivent plus de 25 000 citoyens représente l'une des communes les plus pauvres de la wilaya de Skikda. Elle n'abrite aucun centre culturel ni maison de jeunes. La seule bibliothèque qui apportait un peu de « culture » a été transférée à Zaouïa, une agglomération située à plus de 10 km de Ben Azzouz. Dans cette commune, il n'existe ni bureau de poste, ni annexe de la Protection civile, ni un centre payeur de Sonelgaz... « Pour payer nos factures de téléphone ou d'électricité, nous devons nous déplacer à Azzaba », racontent les habitants. Ces interventions ont permis par la suite au maire de Ben Azzouz de revenir sur tous les points cités et d'apporter lui aussi d'autres vérités. « Il y a encore quelques années, le budget communal vacillait entre 9 et 11 milliards de centimes. Aujourd'hui il n'est que de 3 milliards de centimes c'est-à-dire juste de quoi payer les employés communaux, car la masse salariale est de 3,1 milliards. Avec un budget pareil personne ne peut prétendre mener une politique d'embauche. Pour l'enveloppe concédée cette année dans le cadre des PCD, elle est de 2,8 milliards que nous devons partager entre les agglomérations. » Il expliquera par la suite que la chute brutale du budget communal est en relation avec « la cessation d'exploitation de la sablière communale qui générait avant une somme conséquente au profit de la collectivité. Nous avons tenté de créer une Epic pour gérer la sablière au profit de la commune mais notre demande a été refusée ». Néanmoins, le maire fera remarquer que malgré les manques qui persistent, Ben Azzouz vient tout de même de bénéficier de plusieurs projets. Il citera à titre d'exemple la construction d'un centre culturel qui sera réceptionné cette année, la distribution de locaux au profit des artisans, l'inscription d'un centre de formation professionnel à Ben Azzouz et la reconversion prochaine d'un établissement du primaire en centre de formation à Bou Maïza et l'éventualité de l'ouverture d'un troisième centre à Zaouïa. La rencontre a été clôturée par une brève allocution du chef de daïra qui a renouvelé la disponibilité des responsables locaux à laisser leurs portes ouvertes à la société civile et aux citoyens pour « un Ben Azzouz plus épanoui », d'ailleurs c'était là le slogan de cette rencontre qui aura au moins brisé l'inactivité ambiante de la commune.