Elue à l'APC de Tizi Rached, Aldjia Beknoun, non voyante, retrace son parcours et son combat pour les droits des handicapés. Elle est non-voyante, élue sur la liste indépendante à l'APC de Tizi Rached, une ville située à une vingtaine de kilomètres à l'est de Tizi Ouzou. Aldjia Beknoun est à la tête de la commission sociale de cette municipalité. Elle préside également une association pour handicapés forte de 656 adhérents. Qu'est-ce qui a poussé cette femme, non-voyante, à postuler aux élections locales de novembre 2012 ? «Dans notre région comme partout ailleurs en Algérie, les handicapés ne sont pas pris en charge convenablement. Lorsqu'ils se déplacent vers les différents services publics, ils sont méprisés et souvent mal accueillis», fait remarquer Aldjia en connaissance de cause. Elle a ajouté que par la même occasion, «j'ai envie de redonner de la considération à cette frange de la société dont je fais partie. Rapprocher davantage les handicapés de leur administration et faire en sorte qu'ils soient écoutés», ajoute-t-elle. Dans sa mission, l'élue compte sur ses collaboratrices, des membres de l'association et son guide qui ne la quitte jamais. «En l'espace d'une année elle a su relever le défi. C'est une femme pleine d'ambitions et d'énergie. Son bilan a de quoi envier hommes et femmes dits normaux», témoigne Me Kermas, également élu à l'APC. Dans son bureau à la mairie, Aldjia ne dispose que d'une table autour de laquelle elle réunit les membres de la commission sociale. Ainsi, elle s'est frayé un chemin dans le monde de la gestion des affaires publiques, s'occupant d'une frange qu'elle connaît si bien, celle des handicapés, les personnes âgées et les nécessiteux. A peine installée, l'élue s'attelle à régler des problèmes restés suspendus depuis le mandat précédant. Elle résout le souci des retards dans le paiement -par la régie communale- des pensions des handicapés avant d'exiger que ces derniers soient représentés dans la commission répartition des logements sociaux qui siège au niveau de la daïra. Femme de terrain, elle entame une tournée chez les entreprises publiques et privées installées dans la zone industrielle de Oued Aïssi dans le but d'encourager les investisseurs à s'impliquer davantage pour l'insertion des handicapés dans les milieux du travail. Dans ce contexte, elle revendique «la non suppression de la pension des handicapés qui seront placés dans un poste d'emploi rémunéré à 6.000 DA/mois seulement». Par ailleurs elle exhorte les autorités à revaloriser la pension du handicapé et à la verser dès que l'handicap de l'individu est déclaré afin que les familles démunies entament sa prise en charge très tôt. En outre, notre interlocutrice a estimé que l'Etat doit revoir le système éducatif au sein des centres psychopédagogiques, qui doit assurer une formation au-delà de l'âge de 18 ans pour les personnes handicapées. Outre l'éducation, «l'Etat continue de construire des bâtiments sans prendre en considération l'aménagement des accès aux handicapés physiques», regrette-t-elle. À ce propos, une requête a été adressée au président de l'APC de Tizi Rached pour réaménager les institutions existantes et faire un effort pour prendre en compte cet aspect dans la réalisation des futurs établissements. Par ailleurs, Mme Beknoun qui ne dissocie pas sa mission au sein de la commission sociale de l'APC avec celle de son association, présente ses projets. Un programme qu'elle compte faire valoir dans l'assemblée et au delà, au niveau de la wilaya. Il s'agit de réaliser une bibliothèque ou d'aménager un espace à l'intérieur de la bibliothèque communale au profit des handicapés et qui sera doté d'ouvrages en braille. Aussi, «nous avons demandé à l'APC de nous trouver une assiette de terrain pour la construction d'un centre de rééducation».