La présidente, elle-même aveugle, assure les cours en braille aux non-voyants. Il est ainsi des personnes qui, frappées par le malheur, deviennent des sortes de bouées de secours. Des bouées auxquelles s'agrippent des malheureux. C'est le cas de Mme Beknoun, une non-voyante qui éclaire le chemin des gens par son regard venu du coeur. Présidente d'une association de non-voyants, Mme Beknoun de Tizi Rached, raconte avec beaucoup de recul son «accident de voiture en France», qui lui a fait perdre la vue. Mais c'est surtout ce qu'elle compte entreprendre pour le bien de tous les handicapés qui illumine son regard éteint peut-être, mais allumé de l'intérieur par ce feu qui vient du coeur. L'association est, en fait, un rêve qui, selon elle, se réalisera car elle y croit dur comme fer. Pour l'instant, elle active sous le label de l'association des non-voyants «Irada», (volonté, Ndlr). Son association portera, assure-t-elle, le nom de «Izri», la bien-nommée! Que ce soit sous un nom ou sous un autre, Mme Beknoun active, et s'arrêter, pour elle n'a pas de sens. Ainsi, elle organise des cours d'arabe, de tamazight et de français pour tous les handicapés, désireux de s'initier à ces trois langues. Les intéressés sont invités à s'y inscrire à l'école primaire des frères Khris. Mme Beknoun ajoute que les cours seront assurés notamment par des enseignants de formation. Les cours en braille destinés aux non-voyants seront assurés par elle. Sans domicile fixe et pratiquement sans tente, vivant au jour le jour, l'association essaie de faire ce qu'elle peut pour faciliter, quelque peu, la vie des handicapés. Comme sa secrétaire qui joue le rôle de guide et de compagne, assure que Mme Beknoun est une «personne qui ne se laisse pas abattre par les aléas de la vie. C'est ainsi qu'elle est seule à tenir son ménage et que pour rien au monde elle ne demanderait l'aide à autrui pour préparer ses repas et vaquer aux tâches ménagères». La présidente de cette association SDF qui ne manque aucune occasion pour faire le bien à des personnes en détresse tant avec un sourire que par un geste, n'oublie aucune fête religieuse comme l'Aïd, le Mouloud et l'Achoura ou de rendre visite aux démunis et aux personnes âgées. Et chaque événement vaut son pesant de visites et de distributions de cadeaux et autres victuailles reçus en donation par des bienfaiteurs. L'association compte plus de 250 handicapés dont des familles. Des cas sociaux dans la wilaya ce n'est pas ce qui manque et l'association essaie dans la mesure de ses moyens de mettre sur ces «plaies» un baume avec un mot gentil, un sourire, un don ou encore une aide quelconque. Hébergée par la Maison de jeunes de Tala Amara, l'association des non-voyants est, en fait, une oasis pour les handicapés de la région.