L'Organisation des Nations unies a compté, cette année, 232 millions de migrants internationaux. La plupart de ces personnes fuient leurs pays à la recherche de la sécurité et de moyens de subsistance moins précaires. Les flux migratoires nord-sud profitent économiquement au capitalisme mondial, mais l'ingratitude des riches pays d'accueil, conjuguée au racisme de plus en plus explicite à l'adresse des candidats demeurent un frein aux efforts de protection des droits de ces migrants, pourtant consignés dans la Convention internationale sur la protection des droits de tous les travailleurs migrants et des membres de leurs familles. Chez nous aussi, le traitement réservé aux migrants subsahariens n'est pas exemplaire en dépit du fait que nous fêtons le 18 décembre, Journée mondiale des migrants. Le cas de paludisme signalé récemment dans une wilaya du Sud et attribué à un migrant subsaharien a suscité des réactions négatives frôlant le racisme de la part des officiels et de la population. Une affaire venue nous rappeler combien est long le chemin qui reste à faire pour adapter nos pratiques aux engagements pris vis-à-vis de la communauté internationale. Nos harraga, poussés par l'espoir d'une vie meilleure, placent leur destin sur le fil du rasoir et s'en vont émigrer dans des conditions souvent dégradantes et précaires, voire dangereuses. Chaque jour, nous exigeons aux pays d'accueil de garantir leurs droits à nos enfants, et c'est le moins que l'on puisse exiger de nous-mêmes et de notre gouvernement à l'égard des migrants vivant sur notre territoire. Notre pays a ratifié la convention en 2004, mais dans la pratique, il reste beaucoup à faire. Certes, l'Algérie refuse de répondre aux desiderata de pays européens pour installer sur son territoire des «camps de tri des immigrants» ; elle a aussi refusé l'adoption de la loi aggravant les peines en matière d'immigration clandestine. Mais le comportement de l'Etat algérien n'est pas exempt de reproches. Des obstacles juridiques, administratifs et humains entravent considérablement l'accès à un certain nombre de droits des migrants, affirme la LADDH. D'autres camps, gérés par les services de sécurité, demeurent aussi à l'abri du regard de l'opinion publique et des organisations de défense des droits de l'homme, souligne Me Boudjemaâ Ghechir, président de la LADH. Sans oublier, dit-il, les expulsions récurrentes et inhumaines prononcées parfois par les tribunaux à l'encontre des migrants africains. Dans le Sud, des centaines de candidats sont éconduits dans des camions et abandonnés aux frontières, au milieu de nulle part. Comme quoi, les Algériens doivent faire des progrès afin de dissiper les préjugés à l'égard du migrant et admettre des droits humains.