Un guide des droits des migrants en Algérie vient d'être mis à leur disposition par la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH). Il s'agit d'un outil pédagogique d'orientation de la population migrante en Algérie concernant les droits d'entrée, de séjour, de sortie et des droits aux documents de l'état civil, au travail, au logement, à l'éducation, aux soins et à la justice. C'est ce qu'a annoncé, hier, le président de la LADDH, Maître Nouredine Benissad, dans un point de presse animé à l'occasion de la Journée internationale de migrants. L'avocat a indiqué que l'Algérie est doublement concernée par ce phénomène, affirmant que notre pays est devenu « par défaut un pays d'accueil » et que l'élaboration de ce guide vise la protection des migrants. « L'expérience de terrain de ces dernières années, menée par Médecins du Monde et d'autres associations qui travaillent auprès la population migrante en Algérie, a montré qu'il y a une insuffisance de compréhension et d'assimilation de la part des migrants, mais aussi d'autres intervenants, entre autres, les médecins, les policiers, les avocats sur les droits des migrants », signale le guide qui précise que ces droits sont garantis par la loi algérienne et les conventions internationales des droits des migrants. En ce sens, la représentante des Médecins du Monde Algérie, Charlotte de Bussy, a estimé que les politiques migratoires sont de plus en plus sévères, ce qui rend le parcours des migrants difficile et les expose à des situations contraignantes. Mme Bussy a rappelé que l'accès gratuit aux soins des migrants dans les établissements hospitaliers publics est assuré. « L'accès aux soins médicaux est ouvert aux migrants. Le système sanitaire en Algérie est favorable et de meilleure qualité, et c'est une bonne chose », a-t-elle souligné, signalant qu'il faut payer une somme symbolique de 50 DA pour une consultation chez un généraliste ou un dentiste et 100 DA chez un spécialiste, alors que les soins dans les dispensaires sont gratuits. La conférencière a expliqué que le guide permet de sensibiliser et d'orienter les migrants vers les centres hospitaliers. « On a constaté que plusieurs d'entre eux refusent d'aller se soigner dans les dispensaires, notamment les immigrants clandestins, par peur d'être arrêtés par les services de sécurité », a-t-elle souligné. « L'Algérie n'est plus un pays de transit » A l'occasion, elle a présenté les résultats d'un travail mené sur le terrain auprès des migrants subsahariens en Algérie, qui a fait ressortir que la majorité provient de l'Afrique du Centre et de l'Afrique de l'Ouest. Leur âge varie entre 28 et 29 ans, et 45% d'entre eux sont des femmes parmi elles, 80% ont déclaré être avec des enfants. Ces derniers ont fui leur pays d'origine à cause des conflits, des problèmes économiques mais aussi pour des raisons familiales. L'étude a montré également que 80% des migrants ont estimé que l'Algérie n'est pas leur destination finale et qu'ils veulent rejoindre l'Europe et 13% ont émis le vœu de s'installer en Algérie. Toutefois, 50% sont installés en Algérie depuis plus de 3 ans. « L'Algérie n'est plus un pays de transit. On enregistre une forte concentration de migrants subsahariens », conclut l'étude. Pour procéder à l'application de ce guide sur le terrain, la responsable de Médecins du Monde Algérie a fait savoir que des éducateurs des différentes communautés ont été formés pour orienter les migrants. En outre, des campagnes de sensibilisation sont organisées auprès des soignants et des centres de santé pour une meilleure prise en charge médicale, notamment les femmes enceintes.