Avec l'élargissement de l'Union européenne (UE), le nouveau président de la Commission européenne, le Portugais José Manuel Durao Barroso, se retrouve avec vingt-cinq postes de commissaires à pourvoir. Il a émis une condition : un tiers de femmes doit siéger à la commission. La composition sera, selon lui, rendue publique d'ici au 23 août. Son équipe pourra alors être auditionnée par les eurodéputés puis soumise au vote général d'investiture en octobre à Strasbourg, siège du Parlement européen. Le nouveau président de la commission ne veut pas se faire damer le pion par les dirigeants des Etats membres. Il a assuré qu'il « exercerait pleinement » son pouvoir de carte blanche pour l'attribution des portefeuilles. L'exercice est délicat. Il faut savoir tenir tête aux exigences des Etats membres tout en évitant de froisser les susceptibilités. Les postes-clés de la concurrence et du marché intérieur sont âprement disputés. Le marché intérieur est un des portefeuilles les plus importants en matière économique. Son titulaire est chargé de garantir la libre circulation des personnes, des biens, des services et des capitaux. Et c'est l'objectif numéro un de l'UE Berlin, Paris et Londres veulent absolument hériter d'un poste économique majeur. Plusieurs portefeuilles pourraient être partagés et confiés à des commissaires différents : les transports et l'énergie, le marché intérieur et la fiscalité, par exemple. De même, les relations extérieures pourraient être divisées selon des critères géographiques. Ces mesures pourraient contenter les vingt-cinq nouveaux commissaires. Pour permettre à Barroso d'obtenir son « quota » d'un tiers de femmes, le Danemark et les Pays-Bas ont finalement décidé, cette semaine, de nommer deux candidates libérales. Le premier défi pour la nouvelle commission sera de faire ratifier le projet de Constitution de l'UE. « C'est un énorme défi de communication, il faut mobiliser l'Europe », a déclaré Durao Barroso. Le président de la commission a donc choisi ses commissaires pour une autre raison : ce sont des figures politiques dans leur pays. La plupart ont été membres d'un gouvernement et trois ont été Premier ministre. Ils doivent réussir à rétablir le lien entre l'Europe de Bruxelles et les opinions publiques. L'UE pâtit d'un manque de confiance et n'arrive pas à attirer l'attention des citoyens européens. Le fort taux d'abstention lors des élections européennes de juin 2004 en témoigne. Barroso aurait même prévu de créer un poste de commissaire chargé de la communication. Les futurs commissaires devront « plaider la cause de l'Europe », et vaincre ce que Durao Barroso appelle « l'apathie du plus grand nombre ».