Les dirigeants de l'UE ont apporté jeudi soir un soutien prudent à une reconduction à la tête de la Commission européenne de José Manuel Barroso qui, en raison des critiques dont il fait l'objet, va devoir jouer serré pour obtenir une confirmation des eurodéputés. Réunis en sommet à Bruxelles, les 27 dirigeants ont aussi trouvé un accord de principe pour tirer les leçons de la crise financière mondiale en engageant une réforme de la surveillance du secteur bancaire, au lendemain d'une annonce en ce sens des Etats-Unis. En revanche, ils cherchaient toujours un compromis permettant de dégager la voie à un nouveau référendum sur le traité de Lisbonne en Irlande. La discussion sur José Manuel Barroso, dont le mandat actuel arrive à échéance début novembre, constituait le plat de résistance de la réunion. Sans surprise, les chefs d'Etat et de gouvernement ont donné leur soutien à sa reconduction pour cinq ans. Mais l'ancien Premier ministre portugais de centre-droit, âgé de 53 ans, doit se contenter d'un appui de principe, et pas d'une désignation formelle comme il l'espérait. M. Barroso va devoir à présent convaincre le nouveau Parlement européen de l'adouber. Une tâche qui ne sera pas forcément aisée vu les critiques dont il fait l'objet. Son camp conservateur le soutient, mais il n'a pas la majorité absolue et doit trouver des alliances. En laissant ainsi le sort de M. Barroso entre les mains du Parlement européen, les dirigeants de l'UE ne font pas forcément un cadeau au Portugais. « C'est le jeter dans la gueule du loup », dit un diplomate. Le chef de file des Verts au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit, cherche pendant ce temps à bâtir un front anti-Barroso. Après avoir rencontré jeudi Nicolas Sarkozy, il a émis des doutes sur la vigueur du soutien du président français qui selon lui n'est « pas prêt à mourir pour Barroso ». Le « problème » de Nicolas Sarkozy et de la chancelière Angela Merkel, c'est qu'« ils veulent Barroso et en même temps ils ne le veulent pas. Par défaut, ils n'ont pas d'alternative », a-t-il estimé.