Le 62e congrès de l'Association internationale du transport aérien (IATA) a eu lieu, hier, à Paris sur fond de scepticisme. Le secteur a perdu, l'année dernière, 6 milliards de dollars à cause de la flambée des prix du carburant. Alors que les compagnies aériennes avaient réussi à résister à de nombreuses déconvenues géopolitiques et épidémiologiques (attentat du 11 septembre, guerre d'Irak, épidémie du Sras, grippe aviaire...), elles n'ont pas pu, en revanche, faire face à l'irrésistible augmentation des prix du carburant. Certaines compagnies, comme Delta Airlines, NorthWest ou United, risquent carrément de disparaître du ciel. Elles ne parviennent pas à mettre en place une stratégie de sortie de crise. Toutes ces déconvenues inquiètent au plus haut point le directeur général de l'IATA, Giovanni Bisignani, qui ne voit poindre, pour le moment, aucune lueur d'espoir pour l'aviation civile mondiale. « Cette année, a-t-il indiqué à la centaine de patrons de compagnies aériennes présents, nous prévoyons une facture du carburant supérieure à 100 milliards de dollars alors qu'elle était de 92 milliards en 2005 et de 44 milliards en 2004. » Résultats des courses : les gestionnaires du secteur aérien, qui avaient prévu pour 2006 une perte de 2,2 milliards de dollars, se retrouveront avec un déficit de 6 milliards de dollars. Autant dire un gouffre financier. Pour endiguer cette chute abyssale des profits, les compagnies ont, dans un premier temps, inventé une taxe supplémentaire appelée « taxe carburant ». Répercutée tout de même sur le client, elle aura permis au moins d'alléger de 15 à 20% l'enveloppe réservée au kérosène. Mais ce n'est pas tout. Les avionneurs comptent en finir avec les billets en papier qui seront remplacés en 2007 par des billets électroniques. Ce changement permettra aux compagnies d'économiser 3,5 milliards de dollars par an. Sans parler de la réduction du temps de vol des appareils en raccourcissant les routes aériennes et en minimisant au maximum le temps d'attente des passagers au sol. « A l'échelle mondiale, une minute gagnée sur chaque vol équivaut à 4 milliards de dollars économisés », a encore estimé le président de l'IATA. Malgré la hausse du trafic aérien mondial de 7% sur les quatre premiers de l'année et une occupation des avions de 76%, les compagnies aériennes peinent encore à équilibrer leurs budgets. Seule Air France arrive à tirer, pour le moment, son épingle du jeu grâce à sa bonne couverture pétrolière. En effet, la compagnie a payé 50 dollars le prix du baril, au moment où les autres l'achètent à plus de 70 dollars. Alors que deux tiers du marché aérien sont partagés par trois alliances (Oneworld, représentée par British Airlines, Skyteam par Air France et KLM et Star Alliance par Lufthansa et United Airlines), tout porte à croire que de nouvelles unions vont voir le jour rapidement. China Air et Indi Air, pour ne citer que celles-là, aiguisent déjà l'appétit des « majors » qui aimeraient bien les voir rentrer dans leur giron. C'est dire que la « bataille du ciel » a déjà bel et bien commencé...