Afin de répercuter le passage de la nouvelle hausse des prix de pétrole, plusieurs compagnies aériennes ont décidé de réviser à la hausse leurs tarifs en pleine période estivale. C'est le cas, notamment, pour le premier groupe aérien européen Air France-KLM qui a annoncé hier qu'il relèverait dès jeudi la « surcharge carburant » appliquée au prix de leurs billets d'avion, « en raison du niveau extrêmement élevé des cours du pétrole », qui flirtent désormais avec les 80 dollars. Chez Air France, la surcharge carburant va augmenter de 7 euros sur le réseau long-courrier pour atteindre 58 euros par vol, soit un total de 116 euros s'ajoutant au prix d'un billet aller-retour Paris-New-York, par exemple. C'est la septième fois qu'Air France augmente cette taxe sur les trajets long-courriers depuis son instauration, en mai 2004. La néerlandaise KLM portera, elle, sa surcharge à 65 euros par vol intercontinental. La portugaise TAP et Malaysia Airlines avaient ouvert le bal ces derniers jours en augmentant leur propre taxe carburant. Les cours du baril d'or noir se sont hissés lundi à un record historique à Londres, à 78,64 dollars, après la fermeture en Alaska du plus gros champ pétrolier des Etats-Unis, sur fond d'instabilité accrue au Proche-Orient. Le cours du kérosène à Rotterdam, aux Pays-Bas, théoriquement aligné sur les prix du brut, s'établissait début août à 0,46 euro/litre. Il a progressé de 12,2% depuis janvier et de 31,5% sur un an, selon les statistiques de l'Union française des industries pétrolières (UFIP). Un renchérissement malvenu pour les compagnies aériennes, qui ont déjà dû payer l'an dernier une facture pétrolière de 92 milliards de dollars, en hausse de 50% par rapport à 2004. Importante poussée En 2006, l'addition devrait grimper à 112 milliards, sur la base d'un prix moyen de 66 dollars le baril, selon les estimations de l'Association internationale du transport aérien (IATA). Conséquence : le kérosène représente aujourd'hui le premier poste de dépense de l'industrie, qui s'attend à essuyer une perte de 3 milliards de dollars en 2006, malgré la vigueur retrouvée du trafic aérien international. A noter que les prix du pétrole n'ont reculé que très légèrement hier à l'ouverture des marchés new-yorkais et londoniens, après leur envolée de la veille dans un contexte d'inquiétudes des marchés occidentaux liées aux interruptions de production en Alaska et aux tensions au Proche-Orient. Sur le New York Mercantile Exchange (Nymex), le baril de « Light sweet crude » pour livraison en septembre ne perdait que 33 cents à 76,65 dollars vers 14h00 GMT, tandis que sur l'Intercontinental Exchange (ICE) de Londres, le baril de Brent de la mer du Nord pour livraison en septembre perdait 20 cents à 78,10 dollars vers 10h30 GMT. Lundi, le brut new-yorkais était monté jusqu'à 77,30 dollars tandis que le Brent de Londres avait, lui, établi un nouveau record historique à 78,64 dollars le baril, le plus haut niveau de prix depuis la cotation du brut à Londres en 1988. Cette importante poussée a été déclenchée par l'interruption de la production sur le plus gros champ pétrolier américain de Prudhoe Bay en Alaska (8% de la production totale américaine), exploité par le groupe britannique BP. Une fuite de 800 litres de brut avait été découverte sur un oléoduc. Pour éviter une nouvelle pollution en Alaska, après celle de mars dernier qui lui vaut un procès en cours, le groupe a décidé lundi dernier la fermeture complète du site. Cette fermeture, interrompant la production de 400 000 barils quotidiens, ne durera vraisemblablement qu'entre trois et cinq jours, selon BP, le temps de vérifier l'ensemble du réseau sur le champ pétrolier et de s'assurer qu'aucun risque de pollution n'est à craindre. L'oléoduc endommagé ne pourra être remplacé avant plusieurs mois. Celine K., R. E.