L'Assemblée nationale constituante prévoit pour demain la plénière consacrée à l'adoption du texte final de la Constitution l L'investiture de Mehdi Jomaâ est prévue en fin de semaine. Tunis De notre correspondant Des tiraillements de tous bords ont caractérisé les derniers débats autour du projet de la Constitution. En plus des divergences sur les dispositions transitoires, notamment l'échéancier électoral et la majorité requise dans la motion de censure contre le gouvernement Jomaâ, les questions de l'âge et de la nationalité du candidat à la présidence de la République ont été également soulevées, en dernière minute, par les constituants, ce qui traduit les enjeux politiques du projet en cours d'adoption. Les grandes lignes de la Constitution sont déjà définies, il ne reste que des retouches certes importantes, mais qui ne sauraient gâcher les acquis démocratiques indéniables du projet en cours d'adoption. Cela ne diminue en rien de l'importance des questions encore en suspens, comme la nationalité ou l'âge des candidats à la magistrature suprême qui cachent des enjeux politiques. Le leader d'Al Aridha, Hachemi Al Hamedi, ne pourrait pas se porter candidat si la condition de l'abandon de la deuxième nationalité est maintenue. Al Hamedi est de nationalité britannique et ne veut abandonner sa deuxième nationalité qu'une fois président élu de la République. «Al Hamedi veut se porter candidat à la présidence et ne veut même pas exprimer son attachement à la Tunisie par l'abandon de sa deuxième nationalité. Il ne mérite pas l'honneur de la candidature», ironisent plusieurs députés, qui se sont énervés suite à l'adoption dudit amendement de l'article 73. «C'est une fleur à Al Hamedi dont il n'est pas digne», poursuivent-ils, avant de faire circuler une pétition exigeant un nouvel amendement à cet article. Les sept constituants proches d'Al Hamedi ont boycotté les travaux de l'ANC depuis l'adoption de l'ancienne version de l'article 73. Ils sont revenus à de meilleurs sentiments suite à cet amendement. Prochaines échéances La question de l'âge dissimule une complaisance à l'adresse du président de Nidaa Tounes, Béji Caïd Essebsi, âgé de 87 ans, et qui sera écarté de la course à Carthage, si jamais la limite supérieure des 75 ans était votée. Un accord aurait été passé entre Ennahdha et Nidaa Tounes en vue d'abroger cette limite supérieure de l'âge de candidature. Béji Caïd Essebsi est à la tête de tous les sondages d'opinion concernant la future présidentielle. Ces manœuvres politiciennes cachent des tentatives de réconciliation en vue de garantir les deux tiers de voix favorables lors de l'adoption définitive du texte final de la Constitution. La question des modalités des élections divise profondément la classe politique et aggrave les divergences concernant les dispositions transitoires de la Constitution. Chaque parti politique fait les propositions qui vont mieux avec son degré de mobilisation. Ainsi, les partis comme Al Massar, l'Alliance démocratique ou le Front populaire préfèrent commencer par les législatives, parce qu'ils n'ont pas de candidats potentiels pour la présidentielle. Par contre, les partis de Nidaa Tounes, Al Joumhouri, le CPR et Ettakattol veulent plutôt commencer par la présidentielle. Leurs présidents respectifs, Béji Caïd Essebsi, Ahmed Néjib Chebbi, Moncef Marzouki et Mustapha Ben Jaâfar, ont déjà exprimé des prétentions présidentielles. Les islamistes d'Ennahdha sont les seuls à se considérer en mesure de jouer les deux lièvres en même temps. Ils proposent de tenir les législatives et la présidentielle en même temps. Réconcilier ces approches constitue le plus grand obstacle face à l'adoption de la Constitution. Entre temps, le chef du gouvernement nominé, Mehdi Jomaâ, attend l'adoption de la Constitution pour présenter son équipe au président de la République. Son deadline est vendredi, selon l'organisation provisoire des pouvoirs. L'ANC doit donc tout finir avant vendredi matin, concernant l'adoption de la Constitution.