Les luttes du sérail entre les candidats potentiels déclarés, en réserve de la République ou postés en embuscade en attendant d'y voir plus clair pour entrer dans la course électorale, promettent de s'emballer avec la déclaration politique rendue publique hier par l'ancien chef de gouvernement, Mouloud Hamrouche. A mesure que la fin du délai de dépôt de candidature à l'élection présidentielle approche, il se dégage, dans leur entourage, comme un sentiment de nervosité face à cette équation politique à plusieurs inconnues devant laquelle se retrouvent ces candidats ès qualités qui revendiquent fièrement, pour certains d'entre eux, leur filiation «d'enfants du système» ou sont catalogués comme tels pour avoir exercé de hautes responsabilités au sein de ce même système. Le fait de se présenter sous les attraits de personnalités indépendantes affranchies des tutelles partisanes et du pouvoir les dédouane-t-ils de leurs responsabilités officielles passées et des bilans de gestion qui ne sont pas exempts de reproches ? La réponse à cette interrogation sortira des urnes. La sortie médiatique inattendue de Hamrouche, qui a fait la profession de foi de ne jamais se porter candidat contre une candidature de l'armée, va sans doute ébranler les certitudes du clan présidentiel. A coup sûr, sa candidature, qui ne semble pas à écarter, à bien décoder sa missive, ne sera pas perçue avec les mêmes détachement et assurance que celles de Benflis, Benbitour ou Ouyahia. Par rapport à tous les candidats du sérail, l'ancien chef de gouvernement de Chadli a sur ses concurrents l'avantage majeur de la proximité avec les militaires. Ses déclarations constantes à la gloire de l'armée, dont il n'omet jamais de louer l'engagement patriotique séculaire, comme il l'a encore rappelé, avec force, dans sa déclaration à la presse, s'inscrivent en droite ligne de son projet de société. Un projet qui attribue à l'armée un rôle incontournable dans l'élaboration des «compromis politiques». L'entrée en scène de Hamrouche, qui n'est pas homme à avancer à découvert en terrain hostile, peut déboucher sur deux options possibles. La première est celle de voir émerger un consensus politique national le plus large possible dans et en dehors du système entre les forces soucieuses de la stabilité de l'Algérie et du respect du principe de l'alternance politique sur la base d'un rejet d'un quatrième mandat de Bouteflika imposé par son état de santé. La seconde est un scénario-catastrophe qu'aucun patriote sincère n'ose souhaiter pour le pays. La logique des clans étant par essence destructrice. L'irruption de Hamrouche dans la joute électorale peut déclencher en effet, a contrario, auprès du clan présidentiel, une réaction d'autodéfense, avec à la clé une aggravation de la crise. La question demeure toutefois posée de savoir jusqu'à quand continuera-t-on à jouer sur les peurs et les angoisses des Algériens pour perpétuer, sous une forme ou une autre, le système ? Les vrais compromis et les consensus solides et féconds se doivent d'être recherchés avec les forces vives du pays. Un Etat moderne ne doit pas raisonner en termes sectaires «d'intérêts de groupes, de régions et de minorités à préserver» mais en termes de nation liée par un destin commun et solidaire.