L'époque où les walis étaient considérés comme des intouchables semble être sur le déclin. Depuis le jugement, en 2005, de l'affaire Frik, du nom de l'ancien wali d'Oran et de Annaba, qui a défrayé la chronique à l'ouest du pays par sa gestion chaotique, de nombreux préfets se sont retrouvés dans le collimateur de la justice. Les accusations retenues à l'encontre de ces fonctionnaires de la haute administration vont de l'abus de pouvoir à la dilapidation du foncier et des deniers publics. Des walis sont même poursuivis pour trafic à grande échelle. L'exemple le plus récent concerne l'ouverture, au début de la semaine, d'une information judiciaire contre l'actuel wali d'El Tarf. Exception faite, probablement, du dossier Frik, l'intérêt porté par la justice aux walis a souvent été suscité par des contestations récurrentes de citoyens et des articles de journaux courageux. C'est que les hommes de loi, dans le pays, ont la réputation d'être de grands pantouflards. Cela fait que la justice ne prend jamais la responsabilité de s'autosaisir lorsqu'il s'agit de dossiers de corruption impliquant de hauts fonctionnaires ou des personnalités politiques. Pourtant, le procureur de la République a pour mission de défendre la société. Plutôt que de « se mouiller » ainsi que le font ses collègues européens ou américains, il préfère souvent attendre que l'on dépose plainte pour ouvrir une information judiciaire ou inculper un fonctionnaire. Aussi, il faudra attendre quelques années encore pour voir un juge d'instruction ou un procureur de la République enfiler ses baskets et sortir sur le terrain pour étoffer son dossier dans la transparence. La justice, qui a visiblement une préférence pour le « tout cuit », compte beaucoup sur le travail des enquêteurs de la gendarmerie et de la police pour ficeler une affaire. Partant, il est à parier que l'affaire Bouricha (ancien wali de Blida) n'aurait pas existé si les citoyens de Blida, épaulés par le maire de la ville (toujours suspendu) et relayés par la presse, n'avaient pas résisté et mis la pression. Car le scénario est classique : au lieu de reconnaître que certains de ses fonctionnaires sont corrompus, l'administration préfère laver le « linge sale » à huis clos. C'est la raison pour laquelle, d'ailleurs, des walis sont régulièrement radiés sans que l'on sache pourquoi. Au mépris total des citoyens.