Bachir Frik, ancien wali d'Oran (1994-1997), en détention depuis plus de cinq ans, sera rejugé le 24 juin par la cour d'Alger, autrement constitué. Les pourvois en cassation introduits après le jugement du 26 avril 2005, condamnant Bachir Frik à 8 ans de réclusion criminelle, ont été examinés et acceptés par la Cour suprême, laquelle a renvoyé le dossier devant la cour d'Alger. Bachir Frik comparaîtra le 24 juin, avec trois autres accusés pour, entre autres, dilapidation de deniers publics. A titre de rappel, le premier procès a tenu en haleine l'opinion publique durant une semaine, avant de se terminer avec un lourd verdict : 8 ans de réclusion criminelle assortie d'une amende de 500 000 DA contre Bachir Frik, l'ex-directeur de l'agence foncière communale d'Oran, Laoufi Tayeb, 5 ans de réclusion et une amende de 200 000 DA, contre l'ex-directeur de la direction des Domaines, Hocine Balasse et 3 ans de réclusion et 100 000 DA d'amende contre l'ex-directeur de l'Office de promotion et de gestion immobilière (OPGI) d'Oran, Chaâbane Makhloufi. Le médecin, propriétaire d'une clinique privée à Oran, Abdelkader Bouarfa, a été acquitté par le même tribunal. A la veille de ce nouveau procès, la famille de l'ex-wali a saisi le président de la République à travers une longue lettre, dans laquelle elle l'appelle à « mettre fin » à ce qu'elle qualifie « d'injustice ». Pour la famille, l'affaire a commencé en été 2001, lorsque l'ex-directeur des affaires sociales d'Oran, Kada Hezil, a adressé une lettre au président « dans laquelle il a porté de graves accusations contre de hauts responsables civils et militaires d'Oran à l'époque, les impliquant dans un trafic de drogue et de blanchiment d'argent. Eu égard à la gravité des accusations et leur prise de connaissance par les autorités supérieures politiques et militaires ainsi que par les fuites orientées vers la presse locale, la réaction des incriminés a été rapide et machiavélique pour étouffer le scandale à la racine et éviter le contrecoup avant même qu'il n'éclate publiquement. C'est ainsi que fut créé de toutes pièces un scandale imaginaire autour de la gestion foncière à Oran limité à la période de Bachir Frik. Un accord a été obtenu pour l'ouverture d'une enquête contre ce dernier ». Les auteurs de la lettre ont estimé que les commanditaires de cette enquête « avaient pour objectif de camoufler le scandale qui leur était imputé et de détourner l'attention de l'opinion publique, mais en parallèle pour se venger de Bachir Frik, avec lequel ils avaient un conflit de compétence et d'ingérence (dans ses prérogatives) quand il était wali. Les autorités de l'époque étaient même au courant de cette mésentente, ce qui lui a valu d'être muté à Annaba ». La famille Frik s'est interrogée pourquoi avoir attendu 4 années après le départ de l'ancien wali pour déclencher une enquête policière à son encontre, mais aussi pourquoi avoir attendu 27 mois après son incarcération pour demander une expertise judiciaire. Elle s'est également interrogée sur le fait qu'un wali « soit jugé et condamné uniquement pour avoir autorisé la location de 5 logements, 5 locaux commerciaux et l'affectation d'une parcelle de terrain public à un établissement public dans un cadre légal ». La famille Frik a expliqué, par ailleurs, qu'elle s'en remet au premier magistrat du pays afin qu'il sache que l'ancien wali « n'est qu'une victime d'un sombre complot ourdi par des parties qui étaient influentes à Oran. Après des années passées en prison, Frik vous lance un appel pressant pour une justice et une équité, car il est innocent ». Des propos lourds de sens, à la veille d'un procès qui risque d'être très riche en révélations.