Avec la mise en exploitation de la station de métro de la place des Martyrs d'ici 2017, les usagers pourront découvrir tout au long d'un trajet précis un musée archéologique comportant plus de 200 ans d'histoire d'Alger. Entamées depuis juin 2013, les fouilles archéologiques dureront encore deux ans, suivies de dix-neuf mois pour l'élaboration du rapport final, constituant une véritable mémoire du site. Pour donner un aperçu des fouilles entreprises jusque-là, une visite guidée a été organisée, hier matin, en l'honneur de la ministre de la Culture, Khalida Toumi, accompagnée du wali d'Alger et de la presse nationale. A travers une petite balade sur terrain, chargée d'émotion et d'histoire à la fois, les présents — portant par mesure de sécurité des casques et des gilets — ont pu apprécier ce musée archéologique à ciel ouvert, remontant loin à travers les siècles. Certaines personnes en charge de ce projet, dont des éléments de l'Institut français de recherche en archéologie (IFRA) et de l'Institut algérien de recherches archéologiques préventives, ont donné toutes les explications nécessaires sur ces fouilles archéologiques. Avançant par petits groupes sur des planches en bois en guise de chemin, façon singulière de préserver l'état des lieux, plusieurs espaces faits de pierres se donnent à voir avec curiosité. Jean Paul Jacob, président de l'INRAP, et François Souq, chef adjoint du projet, ont indiqué que la superficie des fouilles est estimée à 3250 m2 sur une profondeur de 7 mètres. Les fouilles en cours recoupent un vallon orienté nord-sud situé au pied de La Casbah d'Alger et dont la première occupation est attestée de la période jubéenne. Il a été ainsi découvert un quartier datant de l'époque ottomane, comportant un souk avec des ateliers de ferronnerie. Après les différents tremblements de terre qu'a subis Alger au cours des XVIIe et XVIIIe siècles, il y a eu une période de reconstruction par les habitants de l'époque. Ces ateliers d'artisans ont été reconstruits sur des niveaux de quartiers islamiques. «Il n' y a pas de datation précise, précise Jean Paul Jacob, mais il est clair qu'il y a une urbanisation qui se met en place entre le XIIe et le XIIIe siècles qui compte une nécropole byzantine». Un peu plus loin, les restes d'une basilique paléochrétienne datant du Ve siècle avec des mosaïques polychromes qui se devinent en filigrane. Des tombes orientées est-ouest sont disposées en rangées et fermées avec de grandes dalles de grès. Etroites mais profondes, elles renferment plusieurs inhumations successives. Des os d'enfants mal conservés ont d'ailleurs été exhumés au cours des fouilles. Une fontaine assez bien entretenue occupe un espace. Dans la partie sud du site, on découvre le dégagement de la mosquée Al Sayyida et ‘‘beit el mal''. La base du minaret vient tout juste d'être localisée ainsi que la salle de prière. Les sols et pavés accolés à la mosquée datent du XVIIIe siècle. La période coloniale est également visible à travers la découverte des vestiges des caves voûtées de l'hôtel de la Régence. Pour rappel, cette opération archéologique préventive, motivée par la réalisation d'une station de métro, concerne la zone basse de La Casbah d'Alger, classée patrimoine national, inscrite au patrimoine mondial de l'Unesco est dotée d'un plan permanent de sauvegarde. Ainsi, cette fouille s'inscrit dans une dynamique qui réconcilie la découverte, la préservation et la valorisation d'un patrimoine culturel plurimillénaire avec des impératifs du développement économique de l'Algérie dont fait partie la construction du métro.