Suspendu de ses fonctions depuis quelques jours, le chef des services de renseignements (RG) de la sûreté de la wilaya de Annaba est sous le coup d'un mandat d'amener. Dans leur précipitation, les donneurs d'ordre avaient oublié que cet officier réside dans un logement de fonction à l'intérieur même du siège de la sûreté de wilaya de Annaba. Le mandat d'amener a été émis à son encontre par le procureur général près la cour de justice de Annaba, alors que son adjoint a fait l'objet d'une mesure de suspension de fonction. Tous deux s'étaient trop intéressés au dossier de l'évasion fiscale et du blanchiment d'argent commis par six opérateurs économiques prête-noms de personnalités locales de la wilaya d'El Tarf. Dans ce dossier sont cités des noms de notables locaux intimement liés à l'affaire du wali Arrare Djilali. Chargé de ce même dossier en souffrance depuis 2005 et des auditions préliminaires de quelques élus locaux ayant dénoncé les anomalies dans la gestion du wali, un juge d'instruction près le tribunal de Dréan a fait l'objet de pressions. 24 heures auparavant, un des cadres chargés du contentieux des services de la wilaya à l'origine du dépôt de plainte contre les 6 fraudeurs et blanchisseurs a été placé sous contrôle judiciaire. Rien d'étonnant que, sous la forme de motifs douteux, soit entamée à leur encontre une démarche visant à réduire à néant tout ce qui pourrait confirmer les anomalies en question. A quelques jours de la réunion des 48 walis à Alger (prévue ce 22 juin), le mouvement s'est accéléré. DES REVELATIONS À FAIRE Pour preuve, les copies des bons de caisse, l'équivalent de 10 millions de dinars, remis au wali d'El Tarf « à titre de prêt » par Abdelkrim F., opérateur économique, auraient été transmises à la DGSN le 14 juin 2006. Après plus d'une année de mise aux tiroirs, les dossiers des six faux opérateurs économiques de la wilaya d'El Tarf auteurs d'évasion fiscale, de blanchiment d'argent et de transfert de monnaie à l'étranger réapparaissent le temps de mettre à l'écart des enquêteurs gênants. « Nous ferons des révélations au moment voulu », avait affirmé le wali mis en cause à notre confrère de Liberté. Depuis, le black-out est total. Il n'y a toujours pas de révélations. Via des satellites habituelles, tel cet ancien élu enseignant de son état devenu milliardaire en quelques années de mandat, ce wali semble se démener. Il le fait pour tenter de se sortir dans la discrétion de la véritable toile d'araignée de soupçons et d'accusations qui l'enserre chaque jour davantage. Mais, comme si rien n'y faisait, il paraît toujours en retard d'une explication ou en retrait d'un aveu. Du côté de la justice à Annaba, l'on s'était aperçu qu'on a trop dit sur cette affaire du wali d'El Tarf. Des instructions venues « d'en haut » auraient précisé les limites à ne pas dépasser en matière d'informations à communiquer à la presse. « Il faut mettre un terme à tout contact avec les gens de la presse sur cette affaire et sur celle du commissaire principal des RG », semble être l'ordre donné. Soudainement, M. Aouak, le procureur général près la cour de justice de Annaba, est devenu muet. Les tentatives des journalistes d'en savoir plus sont vouées aux mêmes réponses : « Il est en réunion. » « Il est en audience privée. » « Souffrant, il s'est absenté. » Entre temps, la rumeur sur le wali d'El Tarf poursuit son petit bonhomme de chemin. A la une de cette rumeur apparemment appréciée, la limitation des prérogatives de Arrare Djilali que la présidence aurait décidée, les propos crus et acerbes que se seraient échangés lors de l'audition le procureur général et le wali, la grande amitié qui liait ses deux personnages. La paralysie qui frappe l'ensemble des institutions de l'Etat dans la wilaya d'El Tarf, les chantiers à l'arrêt... Au secrétariat du wali d'El Tarf, portes du cabinet et téléphones sont toujours fermés face aux gens de l'information. Après l'audition des 5 directeurs membres de l'exécutif de wilaya et à moins d'un coup de théâtre, le procureur général doit adresser son rapport à la chancellerie pour les suites utiles à donner à ce dossier. En attendant, la population de la wilaya d'El Tarf continue de s'intéresser au combat que livre la majorité des avocats de la wilaya d'El Tarf et du barreau de Annaba pour défendre la liberté de la presse.