Tawrirt, Utrunen, El Djabia sont des villages, dans la région de Beni Maouche, entièrement abandonnés par les populations qui leur ont préféré des lieux plus cléments. Abandonnées aux quatre vents et livrées aux actes de vandalisme, ces maisons sont des joyaux de l'architecture berbère, construites suivant des modèles ancestraux. De la façade principale jusqu'au moindre recoin intérieur, on retrouve la touche du génie humain, qui ne faisait rien au hasard, dans le respect de la pure tradition berbère. Construites avec de la pierre et de l'argile, sans l'emploi du moindre morceau de fer, ces maisons, qui présentent le même aspect dans tous ces villages, ont gardé, pour certaines, leur solidité et réussi à traverser les siècles. Ce sont ces lieux désolés que nous avons visités, loin de tout enchantement. Une lourde porte d'entrée à deux pans donne sur une cour très étroite. Au fond, apparaît l'unique porte, moins imposante mais solide, de la maison. En la franchissant, on se retrouve au milieu de la pièce maîtresse. On peut y apercevoir le fameux kanoun (cheminée) où, jadis, la traditionnelle marmite en argile se tenait sur trois galets. A droite, s'étend sur la longueur de la pièce la traditionnelle étable surélevée d'un mètre du sol, et au-dessus de laquelle on distingue le grenier qui fait office de chambre à coucher. Les murs grisâtres, tapissés de plusieurs couches de mortier, fait à base de bouse, sont d'une brillance que rien ne semble pouvoir ternir. Les imposants silos en terre glaise se tiennent à l'extrémité de la pièce comme témoins d'un passé qui a vu des hommes et des femmes stocker leurs denrées en prévision des moments délicats. Désolation Sur les lieux visités, c'est la désolation car il ne reste malheureusement pas beaucoup de maisons sur pied. La raison est que la main destructrice de l'homme est passée par là pour ne laisser que des constructions défigurées et des vestiges massacrés.La plupart des portes de ces maisons séculaires ont été consumées dans les bûchers qui ont servi lors des hivers rudes. Les toitures ont disparu, quant à elles, car les tuiles qui les constituaient ontété subtilisées. Actuellement, on assiste à un véritable ballet de tracteurs qui récupèrent les pierres qui serviront, sûrement, à la construction d'autres maisons, ou peut-être au renforcement des ouvrages routiers gabions). Une chose est sûre, c'est que la pierre se vend bien, et nous assistons, impuissants, à la destruction de joyaux de l'architecture berbère en ruine. Par ailleurs, une association de promotion du tourisme à Beni Maouche n'a pas réussi à voir le jour, dont le souci est la restauration et la valorisation de ces sites archéologiques.