Cevital avait présenté une offre de reprise de 1200 salariés sur les 1800 que compte le groupe en France, en plus de 300 autres en Irlande et 300 en Pologne. Alors qu'il approchait de son but dans l'affaire de rachat des usines FagorBrandt en France, Issad Rebrab se retrouve au point de départ et risque de perdre le marché qui s'offrait à lui. Le problème que rencontre Cevital depuis quelques jours vient d'Espagne, où un tribunal basque devait lui donner l'autorisation de racheter les marques sous lesquelles sont fabriqués les produits électroménagers en France. Le tribunal de commerce de San Sebastian, auquel a été soumis le dossier, a finalement décidé de bloquer la transaction en rejetant une offre de 25 millions d'euros présentée par M. Rebrab, exigeant 10 millions de plus, soit 35 millions d'euros assortis de garanties supplémentaires en cas de paiement par tranches. Une mauvaise nouvelle pour Rebrab, mais aussi pour les autorités françaises qui comptaient sur la reprise des usines par Cevital pour quelque 100 millions d'euros, afin de sauver au moins 1200 salariés sur les 1800 que comptent les sites de production et de relancer la production des entreprises d'électroménager menacées de liquidation judiciaire. Duel franco-espagnol Selon un article publié hier sur le site internet du journal Le Monde, «le ministre du Redressement productif, Arnaud Montebourg, n'ayant pas réussi à régler la situation, Matignon et l'Elysée sont montés au front ces derniers jours». Selon le journal, «François Hollande et les dirigeants français ont abordé le sujet avec leurs homologues espagnols à l'occasion du Sommet européen, jeudi 20 mars à Bruxelles». En France, le tribunal de commerce de Nanterre avait reporté à plusieurs reprises l'étude du dossier présenté par Cevital afin de lui permettre de finaliser le rachat des marques auprès de la maison mère en Espagne. Le dernier délai a été fixé au 27 mars, ce qui explique le malaise des décideurs français qui risquent de se retrouver incessamment face à un grave problème social à cause de la surenchère espagnole. En cette période de crise, chacun des deux pays européens essaye de tirer le maximum de cette affaire, surtout que les repreneurs ne se bousculent pas au portillon. Selon Le Monde, les pouvoirs publics français ne désespèrent pas de faire aboutir le dossier. Le journal cite des sources selon lesquelles un message a été passé aux Espagnols pour que la question des marques ne bloque pas «un projet majeur». Le journal précise qu'en l'absence d'offre, «le tribunal français n'aurait alors d'autre choix que de prononcer la liquidation immédiate de FagorBrandt, suivie du licenciement de tout l'effectif». Il est à savoir que M. Rebrab a présenté, il y a quelques mois, la meilleure offre pour la reprise de FagorBrandt, placé en redressement judiciaire en novembre. D'autres repreneurs potentiels ont préféré jeter l'éponge face à la complexité du dossier et au nombre important de travailleurs concernés. Cevital avait présenté une offre de reprise de 1200 salariés sur les 1800 que compte le groupe en France, en plus de 300 autres en Irlande et 300 en Pologne. M. Rebrab avait cependant exigé d'obtenir les marques Vedette, Sauter, De Dietrich et EasyCook détenues par une filiale irlandaise du groupe espagnol Fagor, lui-même en dépôt de bilan.