L'administration espagnole, en sa qualité de représentante légale de divers associés de Fagor, a fait opposition à l'éventuelle vente des marques de ce fabriquant de produits électroménagers à l'entreprise privée algérienne Cevital. Dans la requête qu'il a introduite, hier, devant le tribunal de San Sébastien, son avocat avance comme arguments que les entreprises Brant ou Dietrich sont «meilleures» que Cevital qui n'est pas tenue de créer des emplois. Il invite ainsi les concurrents de l'entreprise de M. Issaad Rabrab à utiliser les marques françaises établies à Arrassate comme «cheval de Troie» pour obtenir de meilleures offres d'achat de Fagor. Celui que la presse espagnole désigne par l'«avocat de l´Etat» soutient que le prix proposé par l´entreprise algérienne, 25 millions d'euros, est nettement plus bas que le prix réel de ce «joyau de la couronne basque» (70,3 millions d'euros). En second lieu, il estime que rien ne garantit que Cevital ne va pas revendre en l'état les marques commerciales du groupe Fagor, acquérir l'unité de production espagnole ou créer des emplois en Espagne. Cette dernière observation semble la préoccupation centrale de l'administration espagnole dont la procédure judiciaire est plutôt motivée par l'engagement pris par M. Rabrab de «préserver 1200 postes de travail en France sans faire la même proposition à l´Espagne». Autre possible préoccupation, la partie espagnole craint, sans l'avouer, que M. Rabrab choisisse d'investir ces marques en Algérie, ce qui limiterait l'écoulement des produits électroménagers fabriqués en Espagne sur le marché algérien. La démarche espagnole n'intervient pas ce mercredi par un simple hasard de calendrier. C'est ce matin, en effet, que le tribunal de Nanterre se prononcera sur l'adjudication définitive des actions de Fagor-Brandt. La justice française pourrait reporter sa décision comme l'espère la partie espagnole qui souhaite que le juge espagnol, Pedro José Malgón, en charge du dossier au tribunal de San Sébastien (Pays basque), ne soit pas pressé, de son côté, de se prononcer sur l'acquisition de la filiale de Fagor basée en Espagne. Le 27 février dernier, ce même tribunal commercial de San Sébastien avait autorisé la vente au groupe algérien Cevital des marques Brandt, De Dietrich, Vedette, Sauter et Easycook, détenues par le groupe Fagor Ireland. Le juge avait fixé la date du 5 mars comme ultime délai pour la présentation de «meilleures offres globales» émanant de «toute société contrôlée directement ou indirectement par la société française Exagon». La proposition de Cevital, de caractère global, inclut, outre les marques citées, l'option d'acquisition des actions du groupe Fagor en France, en Espagne et en Pologne. En plus des 1200 postes de travail qui seront sauvés en France, il est prévu la création de 300 postes de travail en Espagne et la récupération de 300 autres en Pologne. La proposition de Cevital reste tributaire de la réponse du tribunal français de Nanterre.