Le présentateur Mustapha Kessassi se concentre, répète un texte à partir d'un téléprompteur, alors qu'une maquilleuse le «pouponne». Tout le monde s'affaire. Et puis, la régie lance le compte à rebours : 3, 2, 1, 0, top ! C'est le journal télévisé tout frais émoulu de la chaîne KBC, du groupe El Khabar. Depuis le 28 mars, le journal algérien arabophone El Khabar (SPA) a lancé sa propre chaîne de télévision baptisée KBC (Khabar Broadcasting Corporation) et dont la réception est sur Nile Sat 11958 horizontal 27500. Et qui sera bientôt sur internet en streaming et autres applications des smartphones, la 3G aidant. Le journal télévisé se veut différent des autres chaînes qui foisonnent, pour ne pas dire qui poussent comme des champignons (certains sont «nucléaires»). Car régalien ! Un JT se démarquant du carcan routinier et jurant avec la langue de bois. Et puis, cette ambition affichée de présenter un journal télé au format américain et voire une inspiration anglo-saxonne à la manière de BBC. Un format standard obéissant aux normes internationales. Un JT pas du tout lourd. Au top chrono : il dure 26 mn. Donc, une édition d'informations lapidaire, concise et percutante pas du tout glosée de «littérature». Il est 18h, une fébrilité règne dans l'air au siège et studios de KBC, à El Achour, à Alger. Car, c'est le très attendu et important rendez-vous du JT de 20h (il n'est pas en live, il est enregistré et monté). Aussi, une voix off demande d'évacuer le plateau. Télégéniques Noui Khouloud et Mustapha Kessassi Le présentateur vedette, Mustapha Kessassi, dans une «zénitude» flegmatique sans faille, ouvrira le JT avec la visite en Algérie de John Kerry, Secrétaire d'Etat américain, et recevra sur le plateau Abdelaziz Rehabi, ancien ministre et diplomate pour un «insight», un éclairage de circonstance. Le sommaire portait sur la campagne électorale de la présidentielle du 17 avril 2014, avec en appoint des reportages sur les meetings des candidats, notamment Abdellaziz Belaïd (Front El Moustakbal), Louisa Hanoune (PT), Fawzi Rebaïne (Ahd 54), Ali Benflis et Abdelmalek Sellal. Ainsi que des sujets sur la sécurité alimentaire, le fonds de soutien aux fellahs en matière d'agriculture, le pèlerinage aux Lieux saints de la Mecque, les informations sportives et une chronique laconique de la présentatrice Noui Khouloud, un nouveau et jeune visage télégénique. C'est elle qui a l'insigne honneur de présenter le tout premier journal télévisé de KBC. «C'est une lourde responsabilité que de présenter un JT. C'est un défi pour moi à KBC… Je suis consciente de la confiance placée en moi. C'est difficile. Mais c'est un honneur ! Je n'ai pas un style carré. J'ai besoin de donner une belle, honnête et fraîche image au téléspectateur», nous avouera Noui Khouloud. Et pour sortir des sentiers battus, l'on annoncera qu'«en Algérie, désormais, chaque célibataire aura droit à un appartement, une bourse de l'ordre de 10 500 DA…». Qui n'était autre qu'une farce du 1er avril. Histoire de décoincer les zygomatiques du téléspectateur. Une marque de fabrique interactive et surtout vivante. Mais toute cette noria concevant le JT est sous l'œil vigilant et averti d'un homme. Il est là, omniprésent, à tous les étages. Il veille au grain. Il interpelle, rappelle à l'ordre, observe, conseille, dirige, corrige, s'adresse aux journalistes et aux techniciens, et amende avec intermittence des expressions en anglais : «The headline (Le titre de l'information), Carry on (Continue), Go on (vas-y), No way (Pas question)». Son slogan : «vue et vision» Cet homme de l'ombre, à l'œil design, n'est autre que Madani Ameur, le célèbre présentateur de la télévision algérienne, ayant fait une carrière internationale au Qatar et qui a 32 ans de carrière au compteur. C'est le directeur général de la chaîne KBC, qu'il a rejoint il y a deux mois. C'est un professionnel qui ne jure que par un journalisme objectif et neutre qu'il veut montrer. D'ailleurs, le slogan de KBC est : «Vue et vision». Le projet proprement dit de la chaîne Khabar Broadcasting Corporation (KBC) a germé il y a deux ans. Le conseil d'administration de la SPA d'El Khabar avait alors délégué une commission de trois personnes pour l'étude de faisabilité et technicité d'une éventuelle chaîne TV. Et voir comment fonctionne une télévision. Ainsi, des journalistes, des cameramen, des correspondants ont suivi une formation en France, notamment à France 24 et son académie, à TV2 et au Danemark. L'infrastructure de KBC est un bâtiment comportant deux studios prévus pour des talk-shows, un autre réservé au journal télévisé, une station, une régie, des loges pour le maquillage. Et puis, la newsroom. Une ruche, la salle de rédaction où toutes les différentes informations sont traitées. Bientôt, l'on utilisera pour des contingences de rapidité et d'efficacité techniquement parlant, une solution sophistiquée (câblage et montage). KBC émet tous les jours de 17h à 23h, en guise de deuxième étape expérimentale. La grille des programmes est éclectique. Elle renferme un feuilleton turc de 86 épisodes, une émission de débats animée par Hamid Ghoumrassa et Mohamed Beghali, un talk-show politique, des dessins animés, des sketchs de 26 mn, Lissan, des documentaires, une émission sportive, Zaouia 90, diffusée tous les lundis avec des consultants comme Merzekane et Saïb ; Kamel Mahdi en est l'animateur. Après le journal télévisé de 20h, le prime-time revient au divertissement.Avec Planet Hip-hop, ou encore Comedy talent. Une chaîne à 70% de divertissement qui se prépare déjà pour le Mondial et le mois du Ramadhan, et ce, à travers une grille de programmes ambitieuse. La prochaine étape sera le 3 mai avec le lancement d'un grand et important talk-show politique à 19h. Qui se veut un atout majeur de KBC. «Le volet de la rédaction est maîtrisé. Il ne reste que des détails techniques à régler. C'est une question de temps», nous confiera Zahreddine Smati, PDG du conseil d'administration du groupe El Khabar. Abdelalziz Rehabi, l'ancien diplomate et ancien ministre de la Communication, effectuant une visite de courtoisie à KBC et invité du JT congratulera : «C'est un choix qualitatif et professionnel. Une évolution. C'est une avancée positive. Et puis, la proximité. Montrer ce que les autres chaînes ne montrent pas. L'Algérie profonde…». Fawzi Rebaïne, président du parti Ahd 54, rendant visite aussi en même temps à KBC, encouragera : «Je félicite El Khabar pour cette chaîne de télévision. Il en faut dans le paysage médiatique. C'est un moyen d'expression…». Kamel Djouzi, membre du conseil d'administration du groupe El Khabar résumera : «KBC, c'est informer, cultiver, divertir et former !». Une vue, une vision !