Aujourd'hui se tiennent les élections législatives dans la province canadienne. Le chef du Parti libéral du Québec, Philippe Couillard, dont le parti est dans l'opposition depuis 18 mois, appelle les Maghrébins à sortir voter en masse. Selon ce neurochirurgien qui pourrait accéder au poste de Premier ministre aujourd'hui, l'enjeu pour les Maghrébins est de faire barrage à la discrimination qui sera institutionnalisée par le projet de charte des valeurs du Parti québécois. Cette loi prévoit de renvoyer de la fonction publique et parapublique les femmes qui portent le voile. Son parti fera face au Parti québécois, qui a amorcé depuis quelques années un virage identitaire à droite. El Watan a aussi sollicité sa chef, Pauline Marois, pour une entrevue, en vain. Montréal (Canada) -La communauté maghrébine connaît un taux de chômage plus élevé que la moyenne provinciale. Que comptez-vous faire si votre parti remporte les élections aujourd'hui ? D'abord nous n'allons pas aggraver la situation avec des mesures de discrimination comme la charte des valeurs québécoises (qui prévoit, entre autres, de renvoyer de la fonction publique et parapublique les femmes qui portent le voile, ndlr). Il faut aussi avoir une relation très positive avec les employeurs. D'un côté, il y a énormément de compétences dans la communauté. Et de l'autre, il y a les besoins en main- d'œuvre. Le rôle du gouvernement sera de faire le lien entre les deux. Ceci, bien sûr, doit être fait de façon continue et proactive et toujours en lien avec la communauté. Et c'est ce que nous ferons. -La peur de l'autre et la diabolisation du Maghrébin et du musulman ont souvent été utilisée pour rallier de nouvelles voix lors de cette campagne électorale. Quel commentaire faites-vous ? C'est très regrettable. D'abord, la démarche elle-même. Tout ceci fait partie d'une vaste stratégie du Parti québécois pour mousser l'idée d'un référendum pour la séparation du Québec. Il utilise la stratégie de la peur en dressant les communautés les unes contre les autres. C'est regrettable et condamnable. Nous, et je le redis encore une fois, nous opposons à toute discrimination à l'emploi basée sur le port des signes religieux, à l'exception des visages découverts ou des vêtements qui cachent complètement le corps de la femme. Nous croyons que c'est un faux problème. Il n'y a pas d'enjeu réel. C'est complètement artificiel créé de toutes pièces par le Parti québécois dans le but, malheureusement, de diviser notre population. -Des femmes musulmanes qui portent le voile ont été victimes d'agressions verbales et parfois à la limite de l'agression physique. Quel message avez-vous à leur adresser ? Notre message à toutes les communautés du Québec : vous n'êtes pas chez nous, mais vous êtes chez vous. Vous appartenez à cette société. Il faut bien sûr en suivre les règles. On sait que, hommes et femmes, vous le faites que vous vous intégrez très bien et que vous voulez participer au succès du Québec. Ce sera notre message dès le premier jour de notre gouvernement. Il y a bien sûr des blessures qu'il va falloir cicatriser et guérir. Nous savons que ça va être long dans certains cas. De notre côté, nous allons très positivement dans l'esprit du ralliement. Et justement dans la lutte contre la discrimination sous toutes ses formes. -Votre parti a été le premier, dans l'histoire du Québec, à faire élire une députée d'origine maghrébine. Pour l'élection d'aujourd'hui, vous vous retrouvez avec une seule candidate de la même origine (au moment où le Parti québécois en présente cinq, ndlr,)… Dès le début de notre mandat, nous allons continuer avec notre parti à développer les liens qui sont déjà resserrés avec les communautés, y compris maghrébine. Ceci pour que notre parti demeure ce qu'il a toujours été. C'est-à-dire tout à fait représentatif de la réalité québécoise. Et je dis aux Québécois d'origine maghrébine que nous avons la chance de vivre dans un pays démocratique où le droit de vote est non seulement permis mais encouragé. Je demande à toutes et à tous d'aller voter pour un Québec uni, un Québec au travail et un Québec sans discrimination. Samir Ben