Le Québec, via le Parti québécois, vient de choisir quatre Maghrébines pour le représenter l Un cadeau ou une chance inespérée en cette Journée internationale de la femme. Montréal (Canada) Correspondance particulière Alors que le monde célèbre la Journée internationale de la femme, le Québec est en mode électoral. Il y a quelques semaines, le Parti libéral québécois a exclu de ses rangs Mme Houda-Pepin, la seule députée musulmane élue depuis 20 ans. Le Parti québécois a accordé, en revanche, sa confiance à quatre Maghrébines. Vendredi matin, l'auteure d'origine algérienne, Djemila Benhabib a été investie dans la circonscription de Mille-Îles, au nord de Montréal, et l'après-midi, c'est dans une salle comble de l'auberge Royal Versailles de Montréal et en présence de sympathisants parmi lesquels un grand nombre d'Algériennes et d'Algériens, que la Première ministre sortante du Québec, Mme Pauline Marois, envoie un message sans ambiguïté en choisissant trois autres femmes d'origine maghrébine : la juive sépharade Evelyne Abitbol (Acadie) et les musulmanes Yasmina Chouakri (Anjou-Louis-Riel) et Leila Mahiout (Bourassa-Sauvé). Mme Marois a indiqué que «ces femmes ont choisi d'appuyer la laïcité de l'Etat parce qu'elles veulent plus d'intégration». «L'équipe que nous sommes en train de constituer est remarquable, non seulement par la qualité des personnes qui la composent, mais aussi par leur attachement indéfectible pour le Québec», a-t-elle insisté. Politologue, Mme Chouakri est actuellement responsable du volet femmes à la table de concertation des organismes au service des personnes réfugiées et immigrantes. Elle est aussi chercheuse associée à la Chaire de recherche sur l'immigration de l'UQÀM. La Québécoise d'origine algérienne tentera de se faire élire dans Anjou-Louis-Riel. «Le Parti québécois est le seul parti engagé à poursuivre la laïcisation des institutions québécoises, en favorisant une intégration citoyenne et non communautariste», a soutenu Mme Chouakri.Evelyne Abitbol est une ancienne directrice des relations gouvernementales et affaires publiques à l'université Concordia. Actuellement vice-présidente aux stratégies et affaires publiques de la firme Saga, elle a participé à plusieurs comités et forums citoyens tournés vers les relations culturelles internationales. Elle s'est donné pour mission, entre autres, d'expliquer aux personnes issues des communautés culturelles, si nécessaire «dans leur langue», les tenants et les aboutissants du projet de la loi 60. Mme Abitbol est lauréate du trophée Femmes arabes pour sa contribution exceptionnelle à la société québécoise. «J'ai choisi de relever ce défi» Leila Mahiout, consultante en gestion des systèmes d'information et titulaire d'un diplôme universitaire en génie informatique, agit également en qualité de directrice des relations publiques au Festival du monde arabe de Montréal. Candidate dans Bourassa-Sauvé, Leila Mahiout a fait savoir que le PQ lui a proposé «d'autres circonscriptions plus réceptives aux souverainistes». Elle a souligné, en outre, qu'elle a «choisi de relever ce défi pour parler notamment de laïcité avec les nouveaux arrivants». «La laïcité est un instrument que le gouvernement doit avoir pour pouvoir réaliser ses missions dans la sérénité», a-t-elle mentionné. Tout en reconnaissant que les circonscriptions où les quatre femmes seront candidates ne seront pas faciles à arracher à l'emprise des libéraux, la chef Péquiste s'est néanmoins montrée optimiste concernant la suite des événements. Elle ajoutera : «Yasmina, Leila et Evelyne sont des femmes douées et de grandes compétences, impliquées aux plans professionnel et citoyen, dans des domaines aussi variés que les communications, l'éducation, l'immigration et la condition féminine.» «Toutes ont choisi de vivre au Québec, là où l'égalité entre les femmes et les hommes ainsi que la laïcité de l'Etat constituent des valeurs fondamentales», a-t-elle rappelé. Pauline Marois s'est dite «emballée par l'arrivée de nombreuses candidates qui viennent renforcer l'équipe du Parti québécois» et croit que «les Québécois le seront aussi». «Yasmina Chouakri, Leila Mahiout et Evelyne Abitbol se joignent à une équipe de femmes dynamiques qui apportent tout un vent de fraîcheur à notre vie politique. Elles sont impressionnantes. Elles ont fait le choix du Québec. Elles ont fait le choix d'appuyer la neutralité et la laïcité parce qu'elles veulent plus d'intégration pour tous ceux et celles qui choisissent de venir vivre au Québec», a-t-elle martelé. Dans la salle où s'est déroulée l'investiture, l'émotion était au rendez-vous. A chacune des présentations de ces dames, les Algériens ont exprimé leur fierté. L'un d'entre eux témoignera de leur détermination : «Talentueuses, intelligentes, elles ont su s'intégrer. Elles ont relevé le défi de l'intégration à la société d'accueil plutôt que de vivre en sa marge. Ce sont des modèles à suivre par les jeunes de l'immigration algérienne.»