Des milliers de personnes ont marché, samedi après-midi, dans les rues du centre-ville de la métropole québécoise pour dénoncer le projet de Charte de la laïcité que le gouvernement provincial s'apprête à voter. La manifestation organisée par le Collectif québécois contre l'islamophobie, dont le porte-parole, Adil Cherkaoui, d'origine marocaine, a été arrêté en 2003 pour des liens présumés avec Al-Qaïda, avant d'être blanchi, a drainé beaucoup de monde, dont des femmes voilées. La marche s'est ébranlée de la place Emilie-Gamelin où les manifestants se sont rassemblés pour écouter les interventions des organisateurs. Ces derniers n'ont pas été tendres avec le gouvernement péquiste (du PQ, Parti québécois, au pouvoir) qu'ils accusent de racisme. "Valeurs péquistes, valeurs racistes", "Charte de la honte", scande-t-on. Outre les Maghrébins, mobilisés en masse, des groupes de sikhs avec leur accoutrement traditionnel, ainsi que des militants de gauche et d'extrême gauche ont pris part à la manifestation qui s'est déroulée dans une ambiance bon enfant. Un drapeau noir a été déployé au milieu d'un fouillis de pancartes qui dénoncent "une dérive islamophobe". Pour les intervenants, le projet de charte du PQ vise à diviser et stigmatiser encore les minorités religieuses. Un prêtre catholique a même pris la parole pour soutenir la cause des manifestants. "Les gens ont le droit de vivre leur foi comme bon leur semble", dit-il. Tout au long de l'itinéraire de la marche, les manifestants ont scandé à gorge déployée des mots d'ordre peu flatteurs à l'égard du gouvernement du Québec. "Marois (Première ministre du Québec), raciste", vocifèrent-ils à plein poumons. Pour eux, la charte est "liberticide, discriminatoire, sexiste et islamophobe." La manifestation s'est arrêtée à son point de chute, prévu à la place du Canada à l'ouest du centre-ville de Montréal. Plus de 5 000 personnes ont confirmé, la veille, leur participation à la marche sur la page facebook du Collectif québécois contre l'islamophobie. Visiblement revigorés par le succès de leur action, les initiateurs de la manifestation ont promis de revenir à la charge, histoire de maintenir la mobilisation. À ce propos, ils n'excluent pas un recours aux tribunaux pour contester le projet du gouvernement qui, d'ailleurs, ne fait pas l'unanimité au sein de la classe politique et des communautés culturelles. Par exemple, les anglophones, les juifs, les sikhs, les musulmans, les autochtones ont affiché leur opposition au projet gouvernemental. La charte, appelée Charte des valeurs québécoises, rendue publique mercredi par le ministre des Institutions démocratiques, Bernard Drainville, comporte des dispositions interdisant le port de signes religieux ostentatoires, comme le voile islamique, dans la Fonction publique et les garderies subventionnées. Or, la plupart des animatrices de garderies sont des femmes maghrébines dont une partie porte le voile. Y. A. Nom Adresse email