L'Algérie et la Russie ont décidé de joindre le geste à la parole dans leur coopération dans la lutte contre le terrorisme. C'est ainsi qu'une deuxième réunion du groupe bilatéral de coopération a été tenue « récemment » à Moscou, selon Kamel Rezag Bara, conseiller auprès du président de la République et président de la délégation algérienne, dans un entretien avec le correspondant de l'APS à Moscou. Côté russe, la délégation a été emmenée par Anatoli Safonov, représentant spécial du président de la Fédération de Russie, pour la coopération internationale dans le domaine de la lutte contre le terrorisme et la criminalité organisée transnationale. Cette importante réunion fait suite, d'après M. Bara, à la convention de coopération stratégique signée en mars dernier entre Abdelaziz Bouteflika et Vladimir Poutine, qui accorde une place de choix aux questions de terrorisme et de criminalité. Cette deuxième session a été marquée par la constitution de trois sous-groupes de travail pour plancher sur la lutte antiterroriste. Le premier a travaillé sur des questions juridiques et judiciaires, le deuxième a traité du financement du terrorisme et le troisième s'est penché sur les aspects opérationnels de la lutte. Au terme des travaux du sous-groupe juridique, les deux parties ont convenu, d'après M. Bara d'« accélérer les négociations et la signature des accords d'entraide juridique en matière civile et pénale et en matière d'extradition, d'organiser des rencontres entre groupes d'experts des deux pays, à Alger, avant la fin de l'année en cours. Dans le volet relatif au financement du terrorisme, le conseiller de Bouteflika à la Sécurité a révélé que l'Algérie a soumis à la partie russe « un projet d'accord de coopération en matière de lutte contre le terrorisme entre les services de renseignement financier et leurs homologues russes ». Auparavant, les deux parties ont fait des évaluations sur les menaces terroristes qui pèsent sur l'Algérie, la Russie et sur le monde. Bien que Rezag Bara n'ait pas dévoilé la capacité de nuisance des groupes armés encore en activité en Algérie, il a tout de même échangé des informations avec ses homologues russes sur les mesures prises et à prendre pour lutter efficacement contre le fléau. Il a été, notamment, question des mesures législatives adoptées, y compris celles relatives au perfectionnement de la législation nationale et des mécanismes de prévention du terrorisme et des menaces qui lui sont connexes. FBI, FSB, DRS : même combat ! Le chef de la délégation algérienne a également précisé qu'une attention particulière a été accordée, lors de ce conclave, au « traitement de l'idéologie et de la propagande terroristes menant au recrutement au sein des groupes terroristes ». Dans cette veine, a été retenu le principe de « renforcer le dialogue entre les civilisations afin de priver les extrémistes de la possibilité d'instrumentaliser les différences culturelles ». Pour matérialiser cette idée, la partie algérienne a invité les Muftis des musulmans de Russie à venir en Algérie pour s'entretenir avec les responsables du ministère des Affaires religieuses sur l'élaboration d'un « programme de coopération en matière d'information et de formation d'imams au prêche du message de tolérance de l'Islam ». Sur le plan international, les délégations se sont entendues sur la nécessité d'accorder leurs violons et coordonner leurs positions en matière de lutte antiterroriste au niveau des Nations unies et des différentes enceintes internationales. Il y a lieu de noter que ce groupe bilatéral, outre les deux Présidents, a été animé par des représentants des ministères de la Défense, des Affaires étrangères,de l'Intérieur, de la Justice et des directions de la sûreté et des banques centrales des deux pays. La rencontre a également porté sur les questions relatives au renforcement de la coopération juridique et judiciaire entre les deux pays, à l'échange d'informations, à la formation et à l'assistance technique dans les domaines de la lutte contre le crime organisé et le terrorisme. Le groupe bilatéral a, par ailleurs, réfléchi sur les moyens de lutte contre le blanchiment d'argent et le financement du terrorisme soutenu par le trafic de drogue et les moyens d'empêcher l'utilisation par les terroristes des réseaux Internet à des fins de mobilisation et de contacts. La tenue de cette réunion entre Alger et Moscou intervient quelques jours après l'arrivée, à Alger, de la conseillère du président américain George Bush à la Sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme, Frances Townsend. Une visite précédée par celle du secrétaire d'Etat à la Défense, Donald Rumsfeld, et celle du directeur général du FBI, Robert S Muller. Ce dernier s'était d'ailleurs félicité du niveau de coopération entre l'Algérie et les Etats-Unis dans la lutte contre le terrorisme. Rappelons également que l'Algérie a été parmi les premiers pays à avoir plaidé en faveur d'un front mondial contre le terrorisme. C'est ce qui explique le chassé-croisé des responsables sécuritaires des pays occidentaux à Alger et la consultation de l'Algérie sur toutes les questions liées au terrorisme pour lequel notre pays a payé le très lourd tribut.