Alger est devenu la Mecque des nations qui luttent contre le terrorisme. Moins d'une semaine après la visite de deux jours du chef suprême des forces américaines basées en Europe et commandant en chef des forces alliées, James L. Jones, le représentant personnel du président russe, Vladimir Poutine, et conseiller aux affaires sécuritaires, Anatoly Satonof, lui emboîte le pas. Objet de la visite ? Coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste. L'envoyé spécial du président russe a ainsi coprésidé avec Kamal Rezag Bara, représentant personnel du président Bouteflika, hier à Alger, la réunion du groupe bilatéral algéro-russe de coopération dans le domaine de la lutte antiterroriste et des questions de sécurité. Un instrument de coopération qui a été mis en place au terme de la visite d'Etat que le président Abdelaziz Bouteflika avait effectué en 2001 en Russie. Le chassé-croisé des diplomates étrangers, notamment ceux des grandes capitales occidentales, à l'image de Washington et Moscou, dénote l'intérêt que portent ces pays à l'expérience algérienne dans la lutte contre le fléau qui touche le monde entier. Les Russes, qui sont confrontés à une vague de résistance des indépendantistes tchétchènes, catalogués terroristes par l'Administration de Poutine, veulent certainement prendre l'expérience algérienne comme modèle de lutte, d'autant plus que la dimension religieuse sous-tend les deux formes de terrorisme. Cette réunion, première du genre, traduit « la volonté des deux pays de donner un contenu concret au nouveau partenariat dont les fondements et les objectifs ont été définis par les présidents Bouteflika et Poutine », a expliqué, hier, M. Rezag Bara. La visite effectuée par le président Bouteflika en Russie au mois d'avril 2001 a permis de relancer les passerelles entre les deux pays. M. Rezag Bara rappellera, à cet égard, la signature de la déclaration sur « le partenariat stratégique » et qui a ouvert, selon lui, « des perspectives prometteuses ». Pour lui, cette nouvelle coopération bilatérale dispose désormais « de solides fondations grâce aux convergences de vue sur les principales questions d'intérêt commun ». C'est pourquoi, les deux pays ont approuvé, selon lui, le lancement effectif d'un processus de dialogue, de concertation et de coopération dans un domaine particulièrement sensible, que sont la lutte contre le terrorisme transnational et les questions de sécurité. A entendre M. Rezag Bara, on peut penser qu'Alger et Moscou sont sur la même longueur d'onde, s'agissant de lutte contre le terrorisme, bien que la position officielle de l'Algérie sur la question de la Tchétchénie ne soit pas totalement conforme à celle de Moscou. Cela n'empêche pas pour autant les deux pays de faire cause commune via la mise en place « des mécanismes et des moyens d'une consolidation de la paix, de la sécurité et de la stabilité dans les deux pays ». M. Rezag Bara s'est fait fort, hier, de noter que l'engagement antiterroriste de l'Algérie et son caractère « pionnier sont aujourd'hui largement reconnus ». Son homologue russe, M. Satonof, s'est attardé sur la « qualité » des relations algéro-russes basées sur « des fondements et des traditions historiques très solides », relevant au passage le caractère stratégique du partenariat entre les deux pays. Il est clair que Moscou souhaite vivement tirer profit du « savoir-faire » algérien dans la lutte contre le terrorisme. Et M. Satonof ne s'est pas empêché, hier, d'abattre ses cartes : « Mon pays est disposé à s'imprégner de l'expérience algérienne dans ce domaine. » Net et précis.