Les 815 000 électeurs algériens établis en France sont appelés depuis hier et jusqu'à jeudi, à l'égal de leurs compatriotes installés à l'étranger, à élire le prochain président de la République. Paris De nos correspondants A l'Ecole internationale algérienne de Paris (ancien siège du consulat général de Paris, rue Bourret, 19e arrondissement de Paris), il y avait plus de journalistes devant l'entrée que de votants. Dès qu'une personne entre ou sort, elle est happée par les caméras des chaînes d'information en continu. Portant une casquette blanche, lunettes de soleil carrées, physique imposant, la soixantaine bien entamée, Mohamed Ali a tout du bon client. Avec une gouaille et un bagout impressionnants, il fait le service après-vente du président-candidat : «Qui a arrêté l'effusion de sang en Algérie dans les années 1990 ? Les médias disent que Bouteflika est malade, c'est oublier qu'il y a une équipe qui travaille avec lui. Bouteflika est le nouveau Mandela de l'Afrique.» Un discours bien rôdé qu'il servira à tous les micros tendus. A l'intérieur, ce n'est pas la foule des grands jours en ce début d'après-midi. «Cela se passe très bien, dans le respect de la loi. Il y a du monde sans discontinuer, avec parfois des pics. Ils arrivent par vagues. Par rapport à 2012, nous avons ouvert 8 bureaux en plus. Nous voulons réduire les distances entre les électeurs et les bureaux de vote», explique Rachid Ouali, consul général de Paris. Il affirme avoir veillé lui-même «au bon déroulement du scrutin, dans le calme, la sérénité et la transparence totale». «Tout se passe normalement, comme prévu dans les textes législatifs et réglementaires qui régissent ce type d'opérations électorales», a-t-il expliqué. Il s'est voulu rassurant vis-à-vis des représentants des candidats quant à la neutralité de l'administration. Il a également fait part de sa satisfaction par rapport à la fréquentation des différents bureaux de vote. Selon Nacéra Boudriche, représentante du président-candidat : «Le vote a commencé dans de très bonnes conditions. En tant qu'observateur, j'ai constaté qu'il y a quand même un certain enthousiasme de la communauté algérienne pour ce premier jour du scrutin. Nous avons trouvé des gens en train d'attendre dès 8h du matin. L'objectif est de porter haut l'Algérie, et que le meilleur gagne dans le respect de la démocratie.» De son côté, Waheb Guemazi, observateur pour le compte du candidat Benflis, affirme qu'«en général le scrutin se passe bien et correctement. Je n'ai pas constaté vraiment d'anomalie. Les urnes sont transparentes et les gens votent normalement. Par contre on a du mal à avoir les taux de participations et le nombre exact de votants dans chaque bureau. Enfin je ai signalé un membre de l'équipe administrative qui menait campagne électorale en faveur de Bouteflika. Le consul nous a promis d'y remédier». Pour répondre, par ailleurs, aux soupçons de fraude qui pourraient avoir lieu vu la lenteur de l'opération de vote en France, les différents consulats algériens ont affirmé que les urnes resteront sous-scellés jusqu'au dépouillement qui se fera parallèlement avec le reste des centres de vote en Algérie. Le représentant du candidat Ali Benflis, Mustapha Ramdane, note une participation timide. «Les gens commencent à venir. On attend plus de monde les 16 et 17 avril. Nous savons que des voix sont achetées, nous restons vigilants. J'ai travaillé pendant 17 ans à l'ambassade, avant d'en démissionner en 1994 pour rejoindre Ali Benflis. Je connais tous les rouages .» A signaler qu'il y a 75 bureaux de vote en Ile-de-France, répartis sur cinq consulats (Paris, Bobigny, Nanterre, Pontoise et Vitry-sur-Seine). Les bureaux sont ouverts entre 8h et 20h jusqu'au 17 avril.