La collaboration entre services diplomatiques et représentants des candidats peine à s'établir. L'ambassade d'Algérie à Paris et les consulats répartis sur le territoire français sont sous haute surveillance. Les représentants des candidats à la présidence de la République, principalement ceux qui disputent l'investiture populaire au président sortant, scrutent les faits et gestes des diplomates algériens. Ces derniers savent qu'ils n'ont pas droit à l'erreur, sous peine de jeter le discrédit sur la légalité du scrutin, d'autant que le vote des Algériens à l'étranger, ceux de France en particulier, donne souvent le tempo du vote. La communauté algérienne à l'étranger commencera à voter cinq jours (du 3 au 8 avril) avant les électeurs d'Algérie. En tout, les services consulaires auront à gérer, six jours d'affilée, cette consultation en conformité avec le nouveau dispositif électoral (inédit) et en assurer les conditions matérielles. Mohamed Ghoualmi, l'ambassadeur d'Algérie à Paris, s'est montré rassurant, lors de la conférence de presse qu'il a organisée sur le sujet, en présence des consuls de la région parisienne. Les agents de son administration se conformeront à la «stricte neutralité» édictée par la loi, a-t-il résumé. Les services diplomatiques se sont montré satisfaits de la préparation matérielle du scrutin. «L'ambassade et les consulats ont (...) entrepris une large campagne d'information et de sensibilisation en direction de la communauté algérienne à travers l'ensemble des médias (...) communautaire, Canal Algérie, mouvement associatif, affichage...». La campagne a notamment été plus intense dans la phase de révision des listes électorales. «Nous ne pouvons pas écrire à tous les Algériens immatriculés pour les informer de chaque étape. Cela coûte cher. Nous nous sommes concentrés sur l'information autour de l'ouverture de la révision des listes et des dates du scrutin», a noté le consul général Saïd Abdiche. Ces listes enregistrées sur CD-Rom, sont mises à la disposition des représentants des candidats. Par ailleurs, 18 commissions administratives électorales ont été installées au niveau des centres de vote (consulats) pour «veiller à la régularité de la confection des listes électorales et de statuer sur les éventuels recours ou réclamations». Au total, les 742.234 électeurs de France (435.698 hommes et 306.536 femmes) disposeront de 109 bureaux de vote. Bien plus que les derniers scrutins. «Nous avons demandé à l'Etat français de mettre à notre disposition des salles pour rapprocher les urnes des électeurs», a déclaré Rachid Hadbi, chargé des affaires consulaires et du patrimoine. Cinq consulats trop à l'étroit (Lyon, Marseille, Nice, Lille et Pontoise) vont élire domicile provisoirement hors des murs, de même que des bureaux de vote seront délocalisés. Les informations pratiques sont disponibles sur le serveur vocal des consulats en appelant aux numéros de téléphone habituels. La préparation de la présidentielle pèche, cependant, par le manque de participation des représentants des candidats, à l'exception de celui de Bouteflika, seul participant à la conférence de presse de l'ambassade d'ailleurs. Les comités de soutien de Benflis sont, encore cette fois, les plus critiques à l'égard de la démarche des diplomates algériens. Ils justifient leur boycott de ce qu'ils qualifient de «show médiatique» par «l'absence de concertation». «L'ambassadeur n'a rien trouvé de mieux que d'organiser ce qui est en réalité une conférence de presse, accessoirement ouverte aux représentants des candidats, afin d'y annoncer des dispositions prises sans aucune concertation (...)». Ils parlent de «fait accompli» et de «mépris». Des accusations que réfute l'ambassadeur qui met cette absence au passif des relais des candidats. «Nous ne connaissons pas encore l'ensemble de leurs représentants pour l'encadrement des bureaux de vote. Ce sont eux qui vont veiller au contrôle du scrutin et valider les PV de dépouillement des urnes», note Mohamed Ghoualmi. Les soutiens de Benflis ne ferment pas pour autant la porte du dialogue et se disent disponibles pour «travailler de manière sérieuse et concertée». Les représentants des autres candidats, eux, brillent par leur silence. Les noms des membres des bureaux de vote et des suppléants devront pourtant être très vite désignés. Au plus tard, huit jours avant le scrutin s'ils veulent éviter la fraude.