S'il est un lieu où il est possible de parler librement des élections, c'est bien sur le Net. Les internautes algériens ne s'en sont pas privés, apportant, par leur humour mordant, un air frais dans une campagne électorale morose. Première victime des réseaux sociaux et de leur effet amplifiant les bourdes des responsables politiques : Abdelmalek Sellal. Le Premier ministre a été raillé dès son accession au poste de chef du gouvernement. Rivalisant de créativité, des talents se sont affirmés à travers les «podcasts humoristiques» et les parodies. La reprise d'une chanson de l'artiste belge Stromae version algérienne pourrait bien être le tube de l'été. Sur un air bondissant, le chanteur clame : «Dites-moi comment il va, quel est son état de santé ? Certains me disent ne t'inquiète pas, il arrive quand même à marcher (…) Où es-tu Boutef, dis-moi où es-tu Boutef, sans même pouvoir parler, tu veux encore être le chef. Ah, sacré Boutef, ça fait au mois quatre fois que tu brigues un mandat». Autre détournement réussi : le tube de Pharell Williams Happy qui devient Matrohch tvoti (Ne vas pas voter). Une vidéo de supporters du Mouloudia moquant les partisans du quatrième mandat a largement circulé sur les réseaux sociaux. On y voit des jeunes chanter : «A l'approche du vote, Ouyahia noue sa cravate, il connaît son intérêt. Il nous a enviés pour un yaourt, alors que Chakib Khelil qui a volé des milliards, personne ne l'a jugé, Abdelmoumen Khalifa, qui a pris ses jambes à son cou, personne ne l'a jugé, notre Président qui gère en peignoir, personne ne l'a jugé…». Des stars du web ont ainsi émergé durant cette campagne électorale. DZ Joker, qui compte pas moins de 500 000 fans, y brocarde la télévision publique et ses spots dans lesquels apparaîtraient une espèce d'extraterrestres parlant une langue qui existe uniquement à l'Entv et qui prétendent avoir la solution à tous les maux : les élections. Que pèsent les contestataires de la Toile ? Pas grand-chose en vérité, mais ils aiment croire que la campagne de dislike du clip Notre serment pour l'Algérie lancée par la page Dz Wikileaks a décidé Youtube à retirer la vidéo de sa chaîne. Autre vidéo à succès : Robotef, maniant habilement un scénario hollywoodien, des scènes de films catastrophes et des images de la campagne électorale algérienne. Le pitch consiste à faire de Bouteflika l'homme de fer à même de terrasser la main de l'étranger et créer la terreur au sein de la population. Selon la bande-annonce, le film serait visible dans toutes les salles algériennes à partir du 17 avril. Courez-y !