Les dirigeants de la Sotramo ou ceux de la direction des travaux publics de Chlef sont-ils dans la gêne ou manifestent-ils leur impuissance devant les retards interminables que connaît le chantier de réalisation du nouveau port de pêche d'El Marsa, à l'extrémité ouest du littoral de la wilaya ? En tout cas, ni les premiers ni leurs partenaires de la DTP n'ont daigné répondre à nos sollicitations concernant l'état lamentable des lieux. Saisie par écrit en mars dernier en tant qu'entreprise de réalisation, la direction générale de la Sotramo, basée à Oran, n'a, à ce jour, réservé aucune suite à notre demande sollicitant un éclairage sur les lenteurs dans l'exécution de ce projet. Hier, nous avions tenté, à plusieurs reprises, de joindre le directeur des travaux publics, mais celui-ci était, semble-t-il, en réunion toute la journée, selon ses services. Toujours est-il qu'un responsable à la wilaya a bien voulu nous fournir des explications sur le sujet, indiquant que « le chantier fonctionne toujours au ralenti » malgré le déblocage des comptes bancaires de l'entreprise par les autorités. Ceux-ci, pour rappel, faisaient l'objet d'une saisie-arrêt de la justice suite à un différend financier avec un privé. « Pour le moment, l'entreprise semble être confrontée à des problèmes internes, puisqu'elle n'arrive pas à réactiver les travaux comme promis par ses responsables », souligne encore notre source. La balle est à présent dans le camp du ministère des Travaux publics qui parait indifférent à l'égard des problèmes que vit cette importante infrastructure qui a mobilisé pourtant pas moins de 300 milliards de centimes. En visite dans la région, il y a quelques mois, le premier responsable du secteur ne s'est même pas donné la peine d'aller visiter les lieux, comme si de rien n'était. Lancé en mars 2002 pour un délai contractuel de 40 mois, le projet atteint aujourd'hui un taux de réalisation de 70%, selon des estimations officielles. Et au rythme où vont les choses, il n'est pas sûr qu'il soit achevé au courant de cette année. Rappelons que cette œuvre a été lancée dans le cadre du premier plan de soutien à la relance économique et fut visitée par le président de la République lors de sa tournée dans la wilaya en mai 2002. Après avoir fondé beaucoup d'espoirs sur ce port, la population d'El Marsa a vite déchanté, car elle ne voit rien venir et doit prendre son mal en patience. En effet, celle-ci, constituée en grande partie de pêcheurs au chômage, accordait une attention particulière à cette opération de grande importance socioéconomique, qui peut accueillir jusqu'à 65 sardiniers, 25 chalutiers et 34 petits métiers. Actuellement, cette zone très riche en ressources halieutiques est exploitée au moyen d'embarcations inappropriées et limitées en nombre, venant pour la plupart de la région de Ténès. La lenteur des travaux a aussi retardé la mise en œuvre du partenariat avec des opérateurs espagnols qui prévoyaient la construction d'unités de stockage et de transformation de poissons et leur exportation vers Alicante.