Tout au long de sa campagne, le natif de Merouana évite de se laisser entraîner dans la bataille qui oppose les deux candidats. Il se veut au-dessus de la mêlée. Inconnu de la grande majorité des Algériens au début de cette campagne, Abdelaziz Belaïd a réussi à encrer sa formation dans le paysage politique et apparaît, aux yeux des décideurs, comme une option crédible pour l'avenir. A un ami qui lui demandait quel métier il voudrait exercer plus tard, le jeune Abdelaziz Belaïd, alors collégien à Merouana, wilaya de Batna, avait répondu : «Président.» Quelques années plus tard, les deux hommes se retrouvent à Alger autour d'un café. Abdelaziz Belaïd est alors secrétaire général de l'Union nationale de la jeunesse algérienne (UNJA). Son ami le félicite pour son parcours en lui rappelant les propos qu'il avait tenus à Merouana. «C'est à président de la République que je faisais allusion», aurait alors précisé le patron du Front El Moustakbal.C'est le genre d'anecdote qui façonne la réputation d'un homme et lève un peu plus le voile sur une ambition personnelle. Si certains enfants ont rêvé d'imiter les prouesses de Madjer ou de Belloumi sur les terrains vagues, Abdelaziz Belaïd s'est toujours rêvé en président de la République. Pour y parvenir, l'homme met en pratique la stratégie des petits pas et suit le parcours classique des jeunes militants nationalistes. Il fait ses premières armes au sein des Scouts musulmans algériens où il gravit rapidement les échelons jusqu'à en devenir un cadre national. Plus tard, il devient président du bureau de wilaya des étudiants, à Batna. «Je l'ai toujours connu baignant dans le militantisme, se souvient Saïd Tebani. Déjà à l'époque, il était très à l'écoute des autres et se refusait d'imposer ses idées. Il était toujours à la recherche du consensus. Aujourd'hui, il continue de fonctionner de la même façon.» Le candidat ambitieux Un avis tempéré par un cadre du parti, qui estime que le candidat à la présidentielle donne l'illusion de beaucoup consulter mais en réalité, il décide seul.«Il fait croire qu'il est à l'écoute de ce que pense les membres du parti. Mais en réalité il oriente la discussion pour faire passer sa décision.» C'est en succédant à Abderrachid Boukerzaza à la tête de l'UNJA en 1999, qu'il parviendra à se forger un nom. C'est au sein de la formation satellite du FLN au sein des universités qu'il sera repéré par Ali Benflis, alors secrétaire général du parti, qui en fera le plus jeune membre du comité central (CC), du parti. L'ancien Premier ministre voulait renouveler la composante du CC, en s'appuyant sur de jeunes pousses. «Abdelaziz Belaïd a bénéficié de circonstances favorables, se rappel un ancien membre de l'UNJA sous couvert de l'anonymat. Benflis voulait investir des jeunes pour rajeunir la composante du CC et se constituer un noyau de fidèles au sein du parti.» En 2004, dans la guerre fratricide qui oppose le clan du Président à celui Ali Benflis, le jeune Belaïd se range du côté de son mentor. Il va le payer très cher. Cela lui coûte son poste à l'UNJA et au comité central du FLN.«Il connaît alors une descente aux enfers, se remémore un proche. Mais il va se battre en repartant depuis la base, cela lui permett de revenir au comité central.» Il démissionne de son poste pour créer son propre parti, en s'appuyant sur le noyau de fidèles qu'il a connus à l'UNJA. «C'est quelqu'un de fidèle, qui a su entretenir ses réseaux au sein de l'UNJA, analyse un ami. Cela lui a permis d'obtenir ses parrainages et de réussir sa campagne.» Pour cette présidentielle, le candidat refuse de se ranger derrière un candidat. Il adopte la stratégie du ni… ni. Ni avec Abdelaziz Bouteflika ni avec Ali Benflis.Tout au long de sa campagne, le natif de Merouna évite de se laisser entraîner dans la bataille qui oppose les deux candidats. Il se veut au-dessus de la mêlée. «S'il y a un deuxième tour, j'en ferai partie», rétorque le candidat chaque fois qu'il est questionné sur le sujet.